mme de la chambre du roi, M. le comte de Saint-Aignan.
La pauvre mere pensa qu'elle devait infailliblement retrouver son fils
et sa fille, en allant les reclamer chez le comte de Saint-Aignan. Le
gentilhomme qui l'avait conduite a la prison de son cousin ne s'etant
pas encore retire, elle le pria de la conduire, sur l'heure, a
l'appartement du premier gentilhomme de la chambre, mais elle ne
songeait plus, en ce moment, a la demarche qu'elle avait promis de faire
aupres de ce seigneur, dans l'interet du comte de Bussy-Rabulin. Elle
n'avait plus d'autre souci, plus d'autre pensee que de savoir ce que ses
enfants etaient devenus.
Elle ne les trouva, ni chez le comte, ni chez la comtesse de
Saint-Aignan, qui n'avaient pas entendu parler d'eux et qui n'etaient
pas meme avertis de leur arrivee a Versailles. Le comte et la comtesse
prirent une vive part a l'inquietude croissante de la marquise et
s'efforcerent de la tranquilliser, en donnant des ordres partout pour
qu'on se mit en quete du jeune marquis de Sevigne et de sa soeur.
On les avait vus, en effet, dans la cour des Communs, mais ils n'avaient
fait que paraitre et disparaitre, sans qu'on put savoir de quel cote ils
etaient alles, car personne ne les connaissait, et ils n'avaient parle a
personne. On avait bien idee d'un entretien que le jeune homme aurait eu
avec Langeli, le bouffon du roi, mais, comme ce Langeli etait craint et
deteste de tout le monde, on se garda bien de le mettre en cause dans
une circonstance ou l'on ne pouvait le faire intervenir sans s'exposer a
sa vengeance et a sa haine.
L'heure s'ecoulait avec une eternelle lenteur pour la mere, qui esperait
a chaque instant voir reparaitre son fils et sa fille. La comtesse de
Saint-Aignan eut beaucoup de peine a l'empecher de se porter elle-meme
a leur recherche, en lui disant que si elle s'eloignait d'un cote, ses
enfants viendraient d'un autre, et que ce serait pour elle un nouveau
retard dans la joie de les revoir.
--Aussi bien, objecta la comtesse, il n'y avait pas lieu d'avoir la
moindre crainte, les deux enfants etant arrives avec elle a Versailles
et ne pouvant etre qu'au chateau. Peut-etre, ajouta-t-elle en s'arretant
a une idee qui lui vint, peut-etre seraient-ils alles dans les jardins
voir les beaux travaux qu'on y fait? Je vais donner ordre qu'on
s'enquiere s'ils y sont. Un peu de patience encore, chere marquise, et
nous allons vous les rendre, heureux de mettre fin au souci qu'ils vous
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