rnante qui n'est plus jeune et
qui se trouverait bien de mon aide....
--Helas! mon cher enfant, reprit le cure avec emotion, ma pauvre
gouvernante Jacqueline s'en est allee vers Dieu, le mois dernier, et
alors il m'a semble que je pouvais, avant de la rejoindre la-haut, me
demettre de ma cure et me retirer dans un ermitage, ou j'aurai plus
de loisir pour me preparer a faire une bonne mort, comme celle de
Jacqueline. C'est demain matin que je pars, sans dire adieu a mes bons
paroissiens, qui m'oteraient peut-etre le courage de partir. Je vais en
Lorraine, ou je suis ne, et je me rends a l'ermitage de Sainte-Anne,
pres de Luneville.
--Si j'avais neuf ou dix ans de plus, Monsieur le cure, dit Valentin
anime d'un pieux sentiment d'imitation chretienne, je vous supplierais
de m'accorder la permission de vous accompagner, et je me consacrerais
avec vous a la vie monastique!
Le bon cure fut touche de ce premier elan de la vocation religieuse; il
rappela neanmoins a Valentin que son devoir etait de rester avec sa mere
et de travailler pour elle. Puis, il s'informa des moyens que l'enfant
aurait de gagner quelque chose, en essayant de faire un metier et de se
destiner a une profession industrielle. Mais Valentin repondit, d'un
ton determine, mais non sans rougir, qu'il ne se sentait propre a aucun
metier, et qu'apres s'etre longtemps consulte dans son for interieur, il
n'aspirait qu'a devenir un grand savant.
--Un grand savant! s'ecria le cure, surpris d'entendre un enfant de la
campagne exprimer un pareil desir. N'est pas savant qui veut, mon cher
petit! Mais il n'y a pas encore de temps perdu, et l'on verra plus tard
quel savant tu peux etre.
--Je ne demanderais qu'a savoir lire et ecrire, dit gravement Valentin;
le restant viendrait tout seul.
--Lire et ecrire! repeta le cure en riant: un savant, en effet, ne peut
demander moins. C'est bien facheux que je parte demain, mon ami, car,
a voir ton ardeur pour apprendre, je crois bien que tu saurais lire et
ecrire dans deux ou trois mois.
--Vous etes si bon, monsieur le cure, reprit l'enfant, que vous me
donnerez bien, ce soir, ma premiere lecon de lecture?
Le cure, etonne, enchante de l'ardeur extraordinaire que manifestait
cet enfant de neuf ans, commenca sur-le-champ a lui donner la lecon de
lecture que Valentin sollicitait, et il se servit, pour cela, de son
breviaire, n'ayant pas d'autre livre a son service. L'enfant etait tout
yeux et tout oreilles; il se r
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