lument d'y figurer, en disant que sa condition de veuve
s'opposait a sa reapparition sur la scene des ballets de la cour, ou sa
fille etait en age de paraitre a sa place pour obeir aux volontes du
roi.
--Maintenant que Langeli est mort, dit a ce sujet l'incorrigible
Bussy-Rabutin sauve par sa cousine, de la Bastille et d'un proces
facheux, personne n'osera dire a Sa Majeste, qu'un roi qui danse dans un
ballet n'est pas meme le roi des baladins.
LES
ESPIEGLERIES DE CREBILLON
(1680)
Prosper Jolyot de Crebrillon, ne en 1674 a Dijon, fils d'un greffier de
la Cour des Comptes de cette ville, est envoye, de bonne heure, a
Paris, pour y faire des etudes qui pussent lui permettre d'entrer avec
distinction dans la carriere de la magistrature, ou sa famille s'etait
illustree depuis plusieurs generations. Des l'age de dix ans, il
annoncait les belles qualites d'ame et d'esprit qui lui meriterent
l'estime et l'admiration de ses contemporains, comme homme et comme
auteur dramatique; mais son imagination ne s'etait pas encore preparee
au genre sombre qu'il devait imiter du theatre grec dans ses tragedies
d'_Atree et Thyeste_, d'_Idomenee_, d'_Electre_ et de _Rhadamiste et
Zenobie_; il aimait deja le merveilleux, les contes et les aventures
originales; lui-meme s'amusait a inventer une foule de ruses comiques,
d'intrigues ingenieuses, de joyeuses faceties, pour le passe-temps de
ses camarades du college Louis-le-Grand.
Il se livrait, tout jeune, avec delices, a une paresse dont il ne
se corrigea jamais: c'etait une reverie somnolente de poete, qui le
captivait, au moment de l'inspiration, et qui revelait d'avance les
allures capricieuses de son genie; rien n'avait le pouvoir de dompter
cette humeur fantasque, souvent en guerre ouverte avec les regles du
college et l'autorite des maitres. Ses dispositions a la mollesse
faineante se montraient surtout au dortoir, ou il etait toujours le
premier et le dernier au lit. Quand une fantaisie de repos ou de pensee
l'enchainait, le matin, sur son oreiller, le bourdon de Notre-Dame n'eut
pas sonne assez fort pour l'eveiller, et il ne se serait pas leve plus
vite si le feu avait pris a la maison; les punitions, le jeune, le fouet
et le cachot echouerent contre son invincible entetement. La cloche, qui
forcait les ecoliers a sortir de leurs draps avant le jour, n'avait pas
de plus implacable ennemi que notre poete en herbe, qui faisait semblant
de ne jamais l'entendre.
Cet
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