ites; il n'etait jamais sorti du milieu grossier et agreste dans
lequel il se trouvait confine par la condition miserable de ses parents,
et il arriva ainsi jusqu'a l'age de sept ans, sans avoir meme appris
le catechisme, car le hameau ou il etait ne n'avait pas de cure ni
d'eglise: il fallait aller a trois lieues de distance, pour trouver l'un
et l'autre.
Le petit Valentin etait pourtant tres avance pour son age, au point
de vue des notions pratiques et usuelles en fait d'agriculture et
d'economie rurale: il avait recueilli autour de lui les observations
et les renseignements que les gens de la campagne pouvaient lui
communiquer, et rien ne s'etait perdu, pour ainsi dire, de ce qui
lui etait entre dans l'esprit par les yeux et par les oreilles.
Malheureusement personne autour de lui n'eut ete capable de lui
apprendre a lire, et il avait honte de ne pas meme connaitre son
alphabet, en depit de l'espece d'instruction experimentale qu'il s'etait
donnee lui-meme.
Il avait huit ans, quand son pere, en mourant, le laissa dans une
profonde misere; il n'etait pas en etat de gagner sa vie avec le travail
de ses mains et il aurait rougi de rester a la charge de sa mere, qui
pouvait a peine se suffire a elle-meme.
--Mere, lui dit-il avec l'energie d'une resolution bien arretee, j'irai
demain trouver M. le Cure de Monglas, qui m'a toujours fait accueil,
lorsqu'il m'a rencontre dans les champs. Je lui demanderai de me prendre
chez lui comme enfant de choeur ou plutot comme aide de sa gouvernante,
qui est bien vieille et qui n'a quasi plus la force de faire son menage.
Ce ne sera pas pour moi grosse besogne, mais j'y aurai mon profit,
puisque M. le Cure me montrera sans doute a lire et a ecrire, en
m'enseignant mes devoirs religieux. Quant a toi, mere, je te conseille,
je te prie d'aller te mettre au service des bonnes soeurs Ursulines ou
Visitandines, soit a Tonnerre, soit a Auxerre, soit a Troyes. La, tu
trouveras le bien-etre et le repos dont tu as besoin, en attendant que
je t'aie fait une petite fortune, que je viendrai partager avec toi.
La mere du petit Valentin fut touchee jusqu'aux larmes du devouement
filial que cet enfant lui temoignait avec tant de noblesse et de
simplicite; elle ne voulait pas lui permettre de la quitter, mais il
ne fit que se fortifier dans la decision qu'il avait prise, apres mur
examen de la situation: il embrassa, le lendemain, la pauvre femme, qui
avait pleure toute la nuit, et lui promit d
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