nches dont il avait eprouve la solidite, il
retrouva son chemin d'ecureuil, grimpant et sautant d'arbre en arbre
jusqu'a son chene. Il rapportait une epaisse brassee de fougere et de
mousse bien seche dont il fit son lit dans le trou deja nettoye. Il
entendit bien la chouette sa voisine qui s'inquietait et grognait
au-dessus de sa tete.
--Ou elle delogera, pensa-t-il, ou elle s'y habituera. Le bon chene ne
lui appartient pas plus qu'a moi.
Habitue a vivre seul, Emmi ne s'ennuya pas. Etre debarrasse de la
compagnie des pourceaux fut meme pour lui une source de bonheur
pendant plusieurs jours. Il s'accoutuma a entendre hurler les loups.
Il savait qu'ils restaient au coeur de la foret et n'approchaient
guere de la region ou il se trouvait. Les troupeaux n'y venant plus,
les comperes ne s'en approchaient plus du tout. Et puis Emmi apprit a
connaitre leurs habitudes. En pleine foret, il n'en rencontrait jamais
dans les journees claires. Ils n'avaient de hardiesse que dans les
temps de brouillard, et encore cette hardiesse n'etait-elle pas
grande. Ils suivaient quelquefois Emmi a distance, mais il lui
suffisait de se retourner et d'imiter le bruit d'un fusil qu'on arme
en frappant son couteau contre le fer de sa sarclette pour les mettre
en fuite. Quant aux sangliers, Emmi les entendait quelquefois, il ne
les voyait jamais; ce sont des animaux mysterieux qui n'attaquent
jamais les premiers.
Quand il vit approcher l'epoque de la cueillette des chataignes,
il fit sa provision qu'il cacha dans un autre arbre creux a peu de
distance de son chene; mais les rats et les mulots les lui disputerent
si bien, qu'il dut les enterrer dans le sable, ou elles se
conserverent jusqu'au printemps. D'ailleurs, Emmi avait largement de
quoi se nourrir. La lande etant devenue absolument deserte, il put
s'aventurer la nuit jusqu'aux endroits cultives et y deterrer des
pommes de terre et des raves; mais c'etait voler et la chose lui
repugnait. Il amassa quantite de favasses dans les jacheres et fit des
lacets pour prendre des alouettes en ramassant deca et dela des crins
laisses aux buissons par les chevaux au paturage. Les patours savent
tirer parti de tout et ne laissent rien perdre. Emmi ramassa assez de
flocons de laine sur les epines des clotures pour se faire une espece
d'oreiller; plus tard, il se fabriqua une quenouille et un fuseau et
apprit tout seul a filer. Il se fit des aiguilles a tricoter avec du
fil de fer qu'il trouva a une b
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