t au milieu du groupe, ecrit sur son calepin.
Le marinier traverse la chaussee par curiosite, pour faire comme tout le
monde.
"Qu'est-ce qu'il y a?"
Quelque chien ecrase, quelque voiture accrochee, un ivrogne tombe dans
le ruisseau, rien d'interessant...
Non! c'est un petit enfant assis sur une chaise de bois, les cheveux
ebouriffes, les joues pleines de confitures, qui se frotte les yeux avec
les poings.
Il pleure. Les larmes, en coulant, ont trace des dessins bizarres sur sa
pauvre mine mal debarbouillee.
Imperturbable et digne comme s'il interrogeait un prevenu, l'agent
questionne le marmot et prend des notes.
"Comment t'appelles-tu?
--Totor.
--Victor quoi?"
Pas de reponse.
Le mioche pleure plus fort et crie:
"Maman! maman!"
Alors une femme qui passait, une femme du peuple, tres laide, tres sale,
trainant deux enfants apres elle, sortit du groupe et dit au gardien:
"Laissez-moi faire."
Elle s'agenouilla, moucha le petit, lui essuya les yeux, embrassa ses
joues poissees.
"Comment s'appelle ta maman, mon cheri?"
Il ne savait pas.
Le sergent de ville s'adressa aux voisins:
"Voyons, vous, le concierge, vous devez connaitre ces gens-la?"
On n'avait jamais su leur nom.
Il passait tant de locataires dans la maison!
Tout ce qu'on pouvait dire, c'est qu'ils habitaient la depuis un mois,
qu'ils n'avaient jamais paye un sou, que le proprietaire venait de les
chasser, et que c'etait un fameux debarras.
"Qu'est-ce qu'ils faisaient?
--Rien du tout."
Le pere et la mere passaient leur journee a boire et leur soiree a se
battre.
Ils ne s'entendaient que pour rosser leur enfants, deux garcons qui
mendiaient dans la rue et volaient aux etalages.
Une jolie famille, comme vous voyez.
"Croyez-vous qu'ils viendront chercher leur enfant?
--Surement non."
Ils avaient profite du demenagement pour le perdre.
Ce n'etait pas la premiere fois que cette chose-la arrivait, les jours
du terme.
Alors l'agent demanda:
"Personne n'a donc vu les parents s'en aller?"
Ils etaient partis depuis le matin, le mari poussant la charrette, la
femme un paquet dans son tablier, les deux garcons les mains dans leurs
poches.
Et maintenant, rattrape-les.
Les passants se recriaient indignes, puis continuaient leur chemin.
Il etait la depuis midi, le malheureux mioche!
Sa mere l'avait assis sur une chaise et lui avait dit:
"Sois sage."
Depuis, il attendait.
Comme il cr
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