le tambour des escargots, parce que les escargots viennent pendant
l'orage...! Toi qui, aux saintes paroles de ton pere: "Jarjaille, le bon
Dieu te punira", repondais le plus souvent: "Le bon Dieu? Qui l'a vu?
quand on est mort, on est bien mort." Toi, enfin, qui le reniais
et blasphemais a faire fremir; se peut-il que tu te presentes ici,
abandonne de Dieu?"
Le pauvre Jarjaille repondit:
"Je ne dis pas le contraire. Je suis un pecheur, un miserable pecheur.
Mais qui se serait doute, qu'apres la mort, il y aurait encore tant de
mysteres? Enfin, je me suis trompe, et voila le vin tire; maintenant il
faut le boire. Mais au moins, grand saint Pierre, laissez-moi voir un
peu mon oncle, pour lui conter ce qui se passe a Saint-Remy.
--Quel oncle?
--Mon oncle Materi, qui etait penitent blanc.
--Ton oncle Materi? Il est au purgatoire pour cent ans.
--Pour cent ans!... Et qu'est-ce qu'il avait fait?
--Tu te rappelles qu'il portait la croix aux processions... Un jour,
quelques joyeux copains se donnerent le mot, et il y en eut un qui se
mit a dire: "Vois Materi, qui porte la croix!" Un peu plus loin, un
autre recommence: "Vois Materi, qui porte la croix!" Finalement, un
troisieme le montre en disant: "Vois, vois Materi ce qu'il porte!..."
Materi, depatiente, repliqua: "Ce que je porte?... si je te portais,
toi, je porterais bien sur un fier viedaze..." La-dessus, il eut un coup
de sang et mourut sur sa colere.
--Pauvre Materi... Alors faites-moi voir ma tante Dorothee, qui etait
si... si devote...
--Elle doit etre au diable, je ne la connais pas.
--Oh! ben! si celle-la est au diable ca ne m'etonne pas. Figurez-vous
qu'avec ses grands airs devotieux...
--Jarjaille, je n'ai pas le temps. Il faut que j'aille ouvrir la porte
a un pauvre balayeur des rues que son ane, d'un coup de pied, vient
d'envoyer en Paradis.
--O grand saint Pierre, d'abord que vous avez tant fait et que la vue
n'en coute rien, laissez-moi le voir un peu votre paradis. On dit que
c'est si beau...
--Te! pardi!... Plus souvent que je vais laisser entrer un vilain
huguenot comme toi...
--Allons, grand saint! songez que mon pere, qui est marinier du Rhone,
porte votre banniere aux processions...
--Eh bien! soit, dit le saint. Pour ton pere, je te l'accorde... mais
tu sais, collegue, c'est bien convenu. Tu passeras seulement le bout du
nez, juste ce qu'il faut pour voir.
--Pas davantage."
Donc le celeste porte-clefs entre-baill
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