irmer que plus
l'universelle certitude sera forte et consolante, plus les problemes de la
justice, de la morale, du bonheur et de l'amour prendront, aux yeux de
tous, l'aspect dominateur et passionnant, sous lequel ils se sont toujours
presentes aux regards du penseur.
Il importe de vivre comme si l'on se trouvait toujours a la veille de la
grande decouverte et de se preparer a l'accueillir, le plus totalement, le
plus intimement, le plus ardemment qu'on pourra. Et la meilleure maniere de
l'accueillir un jour, sous quelque forme qu'elle se doive reveler, c'est de
l'esperer des aujourd'hui, aussi haute, aussi vaste, aussi parfaite, aussi
ennoblissante, qu'il nous est donne de nous l'imaginer. Nous ne saurions
lui preter trop d'ampleur, trop de beaute, ni trop de majeste. Il est
certain qu'elle sera meilleure que nos meilleurs espoirs, car si elle en
differe, si elle va jusqu'a les contredire, par le fait meme qu'elle nous
apportera la verite, elle nous apportera quelque chose de plus grand, de
plus haut, de plus conforme a la nature humaine que ce que nous avions
attendu. Pour l'homme, dut-il y perdre tout ce qu'il admirait, l'admirable
par excellence ce sera la verite intime de l'univers. En supposant qu'au
jour ou elle sera manifestee, les plus humbles cendres de nos esperances
soient dispersees, il nous restera en tout cas notre preparation a
l'admirable, et l'admirable entrera dans notre ame a flots plus ou moins
abondants, selon la largeur, selon la profondeur du lit que notre attente
aura creuse.
IV
Est-il necessaire de se croire meilleur que l'univers? Nous aurons beau
raisonner, toute notre raison ne sera jamais qu'un bien faible rayon de la
nature, une infime partie de ce tout qu'elle s'arroge le droit de juger, et
faut-il qu'un rayon, pour qu'il fasse son devoir, souhaite de modifier la
lampe dont il emane?
Le sommet de notre etre, du haut duquel nous entendons absoudre ou
condamner la totalite de la vie, n'est evidemment qu'une inegalite que
notre oeil seul remarque sur la sphere sans limite de la vie. Il est sage
de penser et d'agir comme si tout ce qui arrive a l'humanite etait
indispensable. Il n'y a pas longtemps, pour ne citer qu'un seul de ces
problemes que l'instinct de notre planete est appele a resoudre, il n'y a
pas longtemps, on eut, parait-il, l'intention de demander aux penseurs de
l'Europe s'il faudrait considerer comme un bonheur ou un malheur qu'une
race energique, opiniatre et
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