qu'il t'a donne le bouquet
comme a la plus jolie de l'assemblee.
_Camille_:--Pas du tout, je n'y pensais pas, et, a present que tu m'en
parles, je me souviens que j'ai ete etonnee, et que j'aurais voulu qu'il
allat porter le bouquet a maman: c'est elle qui etait la plus belle de
l'assemblee.
_Pierre_:--C'est toi qui la representais, et puis je trouve, moi,
qu'apres ma tante l'ane ne pouvait mieux choisir.
_Madeleine_:--Et moi donc, et moi, est-ce que je suis laide?
_Pierre_:--Certainement non, mais chacun a son gout, et le gout de
Cadichon lui a fait choisir Camille.
_Elisabeth_:--Au lieu de parler de jolies ou de laides, nous devrions
demander a Cadichon comment il a pu si bien comprendre ce que disait cet
homme?
_Henriette_:--Quel dommage que Cadichon ne puisse parler! que
d'histoires il nous raconterait!
_Elisabeth_:--Qui sait s'il ne nous comprend pas? J'ai bien lu, moi,
les Memoires d'une poupee; est-ce qu'une poupee a l'air de voir et de
comprendre? Cette poupee a ecrit qu'elle entendait tout, qu'elle voyait
tout.
_Henri_:--Est-ce que tu crois cela, toi?
_Elisabeth_:--Certainement, je le crois.
_Henri_:--Comment la poupee a-t-elle pu ecrire?
_Elisabeth_:--Elle ecrivait la nuit avec une toute petite plume de
colibri, et elle cachait ses Memoires sous son lit.
_Madeleine_:--Ne crois donc pas de pareilles betises, ma pauvre
Elisabeth; c'est une dame qui a ecrit ces Memoires d'une poupee, et,
pour rendre le livre plus amusant elle a fait semblant d'etre la poupee
et d'ecrire comme si elle etait une poupee.
_Elisabeth_:--Tu crois que ce n'est pas une vraie poupee qui a ecrit?
_Camille_:--Certainement non. Comment veux-tu qu'une poupee, qui n'est
pas vivante, qui est faite en bois, en peau et remplie de son, puisse
reflechir, voir, entendre, ecrire?
Tout en causant, nous arrivions au chateau; les enfants coururent tous a
leur grand'mere, qui etait restee a la maison. Ils lui raconterent tout
ce que j'avais fait et combien j'avais etonne et enchante tout le monde.
--Mais il est vraiment merveilleux, ce Cadichon! s'ecria-t-elle en
venant me caresser. J'ai connu des anes fort intelligents, plus
intelligents que toute autre bete, mais jamais je n'en ai vu comme
Cadichon! Il faut avouer qu'on est bien injuste envers les anes.
Je me retournai vers elle, et je la regardai avec reconnaissance.
--On dirait en verite qu'il m'a comprise, continua-t-elle. Mon pauvre
Cadichon, sois sur que j
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