tais. J'approchai sans bruit; je saisis la
grenouille par une patte, et je la mis dans la poche du petit vantard.
Je m'eloignai ensuite, pour qu'Auguste ne put deviner que c'etait moi
qui lui avais fait ce beau present.
Je n'entendais pas bien ce qu'ils disaient, mais je voyais bien
qu'Auguste continuait a se vanter de n'avoir peur de rien, et de ne pas
meme craindre les lions. Les enfants se recriaient la-dessus, lorsqu'il
eut besoin de se moucher. Il entra sa main dans sa poche, la retira en
poussant un cri de terreur, se leva precipitamment et cria:
--Otez-la, otez-la! Je vous en supplie, otez-la, j'ai peur! Au secours,
au secours.
--Qu'avez-vous donc, Auguste? dit Camille moitie riant et moitie
effrayee.
_Auguste_:--Une bete, une bete! Otez-la, je vous en supplie.
_Pierre_:--De quelle bete parles-tu? Ou est cette bete?
_Auguste_:--Dans ma poche! Je l'ai sentie, je l'ai touchee! Otez-la,
otez-la; j'ai peur, je n'ose pas.
--Tu peux bien l'oter toi-meme, poltron que tu es, reprit Henri avec
indignation.
_Elisabeth_:--Tiens! il a peur d'une bete qu'il a dans sa poche, et il
veut que nous l'otions, quand il n'ose pas la toucher.
Les enfants, apres avoir ete un peu effrayes, finirent par rire des
contorsions d'Auguste, qui ne savait comment se debarrasser de la
grenouille. Il la sentait gigoter et grimper dans sa poche. La frayeur
augmentait a chaque mouvement de la grenouille. Enfin, perdant la
tete, fou de terreur, il ne trouva d'autre moyen de se debarrasser de
l'animal, qu'il sentait remuer et qu'il n'osait toucher, qu'en otant
sont habit et le jetant a terre. Il resta en manches de chemise; les
enfants eclaterent de rire et se precipiterent sur l'habit. Henri
entr'ouvrit la poche de derriere; la grenouille prisonniere, voyant du
jour, s'elanca par l'ouverture, tout etroite qu'elle etait, et chacun
put voir un joli petit gresset effraye, effare, qui sautait et se
depechait pour se mettre en surete.
_Camille_, riant:--L'ennemi est en fuite.
_Pierre_:--Prends garde qu'il ne coure apres toi!
_Henri_:--N'approche pas, il pourrait te devorer!
_Madeleine_:--Rien n'est dangereux comme un gresset!
_Elisabeth_:--Si ce n'etait qu'un lion, Auguste se jetterait dessus;
mais un gresset! Tout son courage ne pourrait le defendre de ses
griffes.
_Louis_:--Et les dents que tu oublies!
_Jacques_, attrapant le gresset:--Tu peux ramasser ton habit; je tiens
ton ennemi prisonnier.
Auguste restait ho
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