uste.
_Jacques_:--Je n'ai pas de sucre pour mes fraises; rape du sucre pour
mes fraises; rape du sucre, Henriette; depeche-toi.
_Henriette_:--Je rape tant que je peux, mais je suis fatiguee; je vais
me reposer un peu. J'ai si soif!...
_Jeanne_:--Mange des cerises; moi, aussi, j'ai soif.
_Jacques_:--Et moi donc? je vais en gouter un peu; cela rafraichit la
langue.
_Louis_:--Je veux me rafraichir un peu aussi; c'est fatigant de faire
des tartines.
Et voila les quatres petits qui entourent le panier de cerises.
_Jeanne_:--Asseyons-nous; ce sera plus commode pour se rafraichir.
Ils se rafraichirent si bien, qu'ils mangerent toutes les cerises; quand
il n'en resta plus, ils se regarderent avec inquietude.
_Jeanne_:--Il ne reste plus rien.
_Henriette_:--Ils vont nous gronder.
_Louis_, avec inquietude:--Mon Dieu! comment faire?
_Jacques_:--Demandons a Cadichon de venir a notre secours.
_Louis_:--Que veux-tu que fasse Cadichon? il ne peut pas faire qu'il y
ait des cerises quand nous avons tout mange!
_Jacques_:--C'est egal; Cadichon, mon bon Cadichon, viens nous aider;
vois notre panier vide, et tache de le remplir.
J'etais tout pres des quatre petits gourmands. Jacques me mettait le
panier vide sous le nez pour me faire comprendre ce qu'il attendait de
moi. Je le flairai et je partis au petit trot; j'allai a la cuisine, ou
j'avais vu deposer un panier de cerises, je le pris entre mes dents, je
l'emportai en trottant et je le deposai au milieu des enfants encore
assis en rond pres des noyaux et des queues de cerises qu'ils avaient
mis dans leur assiette.
Un cri de joie accueillit son retour. Les autres se retournerent tous a
ce cri, et demanderent ce qu'il y avait.
--C'est Cadichon! c'est Cadichon! s'ecria Jacques.
--Tais-toi, lui dit Jeanne; ils sauront que nous avons tout mange.
--Tant pis, s'ils le savent! repondit Jacques. Je veux qu'ils sachent
aussi combien Cadichon est bon et spirituel.
Et, courant a eux, il leur raconta comment j'avais repare leur
gourmandise. Au lieu de gronder les quatre petits, ils louerent Jacques
de sa franchise, et donnerent aussi de grands eloges a mon intelligence.
Pendant ce temps, Auguste avait allume le feu de Camille, la braise
d'Elisabeth; Camille faisait cuire son omelette, Madeleine finissait sa
creme, Elisabeth grillait ses cotelettes, Pierre coupait son veau en
tranches pour y faire un assaisonnement, Henri tournait et retournait sa
salade
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