appe; Camille servit
l'omelette, qui fut trouvee excellente; Elisabeth servit a son tour ses
cotelettes; elles etaient tres bonnes, mais un peu trop cuites. Le reste
du dejeuner vint ensuite. Pendant qu'on mangeait, Auguste raconta ce qui
suit:
"A peine etiez-vous partis, que je vis accourir les deux gros chiens de
la ferme, attires par l'odeur du repas; je ramassai un baton, et je crus
les faire partir en le brandissant devant eux. Mais ils voyaient les
cotelettes, l'omelette, le pain, le beurre, la creme; au lieu d'avoir
peur de mon baton, ils voulurent se jeter sur moi; je lancai le baton a
la tete du plus gros, qui sauta sur mon dos...."
--Comment, sur ton dos? dit Henri; il avait donc tourne autour de toi?
--Non, repondit Auguste en rougissant; mais j'avais jete mon baton, je
n'avais plus rien pour me defendre, et tu comprends qu'il etait inutile
que je me fisse devorer par des chiens affames.
--Je comprends, reprit Henri d'un ton moqueur; c'est toi qui avais
tourne les talons et qui te sauvais.
--Je m'en allais pour vous chercher, dit Auguste; les maudites betes
coururent apres moi, lorsque Cadichon vint a mon secours en saisissant
par la peau du dos le plus gros des chiens; il le secouait pendant que
je grimpais a l'arbre; l'autre sauta apres moi, m'attrapa par mon habit,
et m'aurait mis en pieces, si Cadichon ne m'eut pas encore preserve de
ce mechant animal; il donna un dernier et bon coup de dent au premier
chien, qu'il lanca en l'air, et qui alla retomber, brise et saignant, a
quelques pas plus loin; ensuite Cadichon saisit par la queue celui qui
tenait le pan de mon habit, ce qui le fui fit lacher immediatement;
apres l'avoir tire au loin, il se retourna avec une agilite surprenante,
et lui lanca a la machoire une ruade qui doit lui avoir casse quelques
dents. Les deux chiens se sauverent en hurlant, et je me preparais a
descendre de l'arbre lorsque vous etes revenus.
On admira beaucoup mon courage et ma presence d'esprit, et chacun vint a
moi, me caressa et m'applaudit.
--Vous voyez bien, dit Jacques d'un air triomphant et l'oeil brillant de
bonheur, que mon ami Cadichon est redevenu excellent; je ne sais pas
si vous l'aimez, mais moi je l'aime plus que jamais. N'est-ce pas, mon
Cadichon, que nous serons toujours bons amis?
Je repondis de mon mieux par un braiment joyeux; les enfants se mirent
a rire, et, se mettant a table, ils continuerent leur repas. Madeleine
servit sa creme.
--La bo
|