s empecher de tuer
papa.
_Camille_:--Voyons, voyons, ne vous disputez pas, et laissez Pierre nous
raconter ce qu'il a entendu dire.
_Elisabeth_:--Nous n'avons pas besoin de Pierre pour savoir ce que nous
savons deja.
_Pierre_:--Alors, pourquoi me demandez-vous comment papa a reconnu les
voleurs?
--Monsieur Pierre, monsieur Henri, M. Auguste vous cherche, dit le
jardinier, qui venait apporter la provision de legumes pour la cuisine.
--Ou est-il? demanderent Pierre et Henri.
--Dans le jardin, messieurs, repondit le jardinier; il n'a pas ose
approcher du chateau, de peur de se rencontrer avec Cadichon.
Je soupirais et je pensais que le pauvre Auguste avait raison de me
craindre depuis le triste jour ou j'avais manque de le noyer dans un
fosse de boue, apres l'avoir fait egratigner dans les ronces et les
epines, et l'avoir fait rudement tomber en mordant son poney.
"Je lui dois une reparation, me dis-je; comment faire pour lui rendre un
service et lui montrer qu'il n'a plus de motifs pour me craindre?"
XXV
LA REPARATION
Pendant que je cherchais en vain ce que je pouvais faire pour temoigner
mon repentir a Auguste, les enfants se rapprocherent de la place ou je
reflechissais tout en broutant l'herbe. Je vis qu'Auguste restait a une
certaine distance de moi, et qu'il me regardait d'un air mefiant.
_Pierre_:--Il fera chaud aujourd'hui, je ne crois pas qu'une longue
promenade soit agreable. Nous ferons mieux de rester a l'ombre dans le
parc.
_Auguste_:--Pierre a raison, d'autant que depuis la maladie dont j'ai
manque mourir, je suis reste faible, et je me fatigue facilement d'une
longue course.
_Henri_:--C'est pourtant Cadichon qui a ete la cause de ta maladie, tu
dois lui en vouloir?
_Auguste_:--Je ne crois pas qu'il l'ait fait expres, il aura eu peur de
quelque chose sur le chemin; la frayeur lui aura fait faire un saut
qui m'a jete dans cet affreux fosse. Ainsi, je ne le deteste pas;
seulement....
_Pierre_:--Seulement quoi?
_Auguste_, rougissant legerement:--Seulement j'aime mieux ne plus le
monter.
La generosite de ce pauvre garcon me toucha, et augmenta mes regrets de
l'avoir si fort maltraite.
Camille et Madeleine proposerent de faire la cuisine; les enfants
avaient bati un four dans leur jardin; ils le chauffaient avec du bois
sec qu'ils ramassaient eux-memes. La proposition fut acceptee avec joie;
les enfants coururent demander des tabliers de cuisine; ils revinrent
tou
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