ui, pensant bien que le camarade viendrait
voir ce qui se passait. Je ne tardai pas, en effet, a entendre Finot
avancer avec precaution. Il faisait quelques pas, il s'arretait, il
ecoutait, ... rien, ... il avancait encore.... Il arriva ainsi tout pres
de son camarade; mais, comme il regardait en l'air sur le mur, il ne le
voyait pas etendu tout de son long par terre, sans mouvements.
"Pst! ... pst! ... as-tu l'echelle? ..., puis-je monter? ..." disait-il
a voix basse. L'autre n'avait garde de repondre, il ne l'entendait pas.
Je vis qu'il n'avait pas envie de grimper; je craignis qu'il ne s'en
allat; il etait temps d'agir. Je m'elancai sur lui, je le fis tomber en
le tirant par le dos de sa blouse, et je lui donnai, comme a l'autre un
bon coup de pied sur la tete; j'obtins le meme succes, il resta sans
connaissance pres de son ami. Alors, n'ayant plus rien a perdre, je me
mis a braire de ma voix la plus formidable; je courus a la maison du
jardinier, aux ecuries, au chateau, brayant avec une telle violence, que
tout le monde fut eveille; quelques hommes, les plus braves, sortirent
avec des armes et des lanternes; je courus a eux, et je les menai,
courant en avant, pres des deux voleurs etendus au pied du mur.
--Deux hommes morts! que veut dire cela? dit le papa de Pierre.
_Le papa de Jacques:_--Ils ne sont pas morts, ils respirent.
_Le jardinier:_--En voila un qui vient de gemir.
_Le cocher:_--Du sang! une blessure a la tete!
_Le papa de Pierre:_--Et l'autre aussi, meme blessure! On dirait que
c'est un coup de pied de cheval ou d'ane.
_Le papa de Jacques:_--Oui, voila la marque du fer sur le front.
_Le cocher_:--Qu'ordonnent ces messieurs? Que veulent-ils qu'on fasse de
ces hommes?
_Le papa de Pierre_:--Il faut les porter a la maison, atteler le
cabriolet, et aller chercher le medecin. Nous autres, en attendant le
medecin, nous tacherons de leur faire reprendre connaissance.
Le jardinier apporta un brancard; on y posa les blesses, et on les porta
dans une grande piece qui servait d'orangerie pendant l'hiver. Ils
restaient toujours sans mouvement.
--Je ne connais pas ces visages-la, dit le jardinier apres les avoir
examines attentivement a la lumiere.
--Peut-etre ont-ils sur eux des papiers qui les feront reconnaitre, dit
le papa de Louis; on ferait savoir a leurs familles qu'ils sont ici et
blesses.
Le jardinier fouilla dans leurs poches, en retira quelques papiers,
qu'il remit au papa de Jac
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