nait. Mais j'etais decidee a le garder ici en
recompense de ses anciens services. A present, non seulement il restera
avec nous, mais je veillerai a ce qu'il y soit heureux.
--Oh! merci, grand'mere, merci! s'ecria Jacques, en sautant au cou de sa
grand'mere, qu'il manqua jeter par terre. C'est moi qui aurai toujours
soin de mon cher Cadichon; je l'aimerai, et il m'aimera plus que les
autres.
_La grand'mere_:--Pourquoi veux-tu que Cadichon t'aime plus que les
autres, mon petit Jacques? Ce n'est pas juste.
_Jacques_:--Si fait, grand'mere, c'est juste, parce que je l'aime plus
que ne l'aiment mes cousins et cousines, et que lorsqu'il a ete mechant,
que personne ne l'aimait, moi, je l'aimais encore un peu ... et meme
beaucoup, ajouta-t-il en riant. N'est-il pas vrai, Cadichon?
Je vins aussitot appuyer ma tete sur son epaule. Tout le monde se mit a
rire, et Jacques continua:
--N'est-ce pas, mes cousines et cousins, que vous voulez bien que
Cadichon m'aime plus que vous?
--Oui, oui, oui, repondirent-ils tous en riant.
_Jacques_:--Et n'est-ce pas que j'aime Cadichon, et que je l'ai toujours
aime plus que vous ne l'aimez?
--Oui, oui, oui, reprirent-ils tout d'une voix.
_Jacques_:--Vous voyez bien, grand'mere, que, puisque c'est moi qui vous
ai amene Cadichon, puisque c'est moi qui l'aime le plus, il est juste
que ce soit moi que Cadichon aime le mieux.
_La grand'mere_, souriant:--Je ne demande pas mieux, cher enfant; mais
quand tu n'y seras pas, tu ne pourras plus le soigner.
_Jacques_, avec vivacite:--Mais j'y serai toujours, grand'mere.
_La grand'mere_:--Non, mon cher enfant, tu n'y seras pas toujours,
puisque ton papa et ta maman t'emmenent quand ils s'en vont.
Jacques devint triste et pensif; il restait le bras appuye sur mon dos,
et la tete appuyee sur sa main.
Tout a coup son visage s'eclaircit.
--Grand'mere, dit-il, voulez-vous me donner Cadichon?
_La grand'mere_:--Je te donnerai tout ce que tu voudras, mon cher petit,
mais tu ne pourras pas l'emmener avec toi a Paris.
_Jacques_:--Non, c'est vrai; mais il sera a moi, et, quand papa aura un
chateau, nous y ferons venir Cadichon.
_La grand'mere_:--Je te le donne a cette condition, mon enfant; en
attendant, il vivra ici, et il vivra probablement plus longtemps que
moi. N'oublie pas alors que Cadichon est a toi, et que je te laisse le
soin de le faire vivre heureux.
CONCLUSION
Depuis ce jour, mon petit maitre Jacques sembla m'
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