d'Auguste. J'en eus des premiers, car Jacques et Louis me firent atteler
a la petite voiture pour y aller. Nous trouvames, en arrivant, un
domestique qui courait chercher le medecin, et qui nous dit en passant
qu'Auguste avait passe une mauvaise nuit, et qu'il venait d'avoir une
convulsion qui avait effraye son pere. Jacques et Louis attendirent le
medecin, qui ne tarda pas a venir, et qui leur promit de leur donner des
nouvelles en s'en allant.
Une demi-heure apres il descendit le perron.
--Eh bien? eh bien? monsieur Tudoux, comment va Auguste? demanderent
Louis et Jacques.
_M. Tudoux_, tres lentement:--Pas mal, pas mal, mes enfants! Pas si mal
que je le craignais.
_Louis_:--Mais ces convulsions, n'est-ce pas dangereux?
_M. Tudoux_, de meme:--Non, c'etait la suite d'un agacement des nerfs et
d'une grande agitation. Je lui ai donne une pilule qui va le calmer; ce
ne sera pas grave.
_Jacques_:--Alors, monsieur Tudoux, vous n'etes pas inquiet, vous ne
croyez pas qu'il va mourir?
_M. Tudoux_, de meme:--Non, non, non! ce ne sera pas grave, pas grave du
tout.
_Louis_ et _Jacques_:--Je suis bien content! Merci, monsieur Tudoux.
Adieu; nous repartons bien vite pour rassurer nos cousins et cousines.
_M. Tudoux_:--Attendez, attendez une minute. L'ane qui vous mene
n'est-il pas Cadichon?
_Jacques_:--Oui, c'est Cadichon.
_M. Tudoux_, avec calme:--Alors prenez-y garde; il pourrait bien vous
jeter dans un fosse comme il l'a fait pour Auguste. Dites a votre
grand'mere qu'elle ferait bien de le vendre; c'est un animal dangereux.
M. Tudoux salua et s'en alla. Je restai tellement etonne et humilie,
que je ne songeai a me mettre en route que lorsque mes petits maitres
m'eurent repete trois fois:
--Allons, Cadichon, en route!... Allons donc, Cadichon, nous sommes
presses! Vas-tu nous faire coucher ici, Cadichon? Hue! hue donc!
Je partis enfin et je courus tout d'un trait jusqu'au perron, ou
attendaient cousins, cousines, oncles et tantes, papas et mamans.
--Il va mieux! s'ecrierent Jacques et Louis; et ils se mirent a raconter
leur conversation avec M. Tudoux, sans oublier son dernier conseil.
J'attendais avec une vive impatience la decision de la grand'mere. Elle
reflechit un instant.
--Il est certain, mes chers enfants, que Cadichon ne merite plus notre
confiance; j'engage les plus jeunes d'entre vous a ne pas le monter;
a la premiere sottise qu'il fera, je le donnerai au meunier, qui
l'emploiera
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