eille pas de monter mon
poney.
_Auguste_, pique:--Et pourquoi donc? Tu peux me le ceder une fois en
passant.
_Pierre_:--Oh! ce n'est pas pour te refuser; c'est parce que le poney
est un peu vif et....
_Auguste_, de meme:--Et alors?...
_Pierre_:--Eh bien, alors ... il pourrait te jeter par terre.
_Auguste_, tres pique:--Sois tranquille, je suis plus adroit que tu ne
le penses. Si tu veux bien t'en priver pour moi, sois sur que je saurai
le mener tout aussi bien que toi-meme.
_Pierre_:--Comme tu voudras, mon cher. Prends le poney, je prendrai
l'ane de la ferme, et Henri montera Cadichon.
Henri les vint rejoindre; nous etions tout prets a partir. Auguste
approcha du poney, qui s'agita un peu et fit deux ou trois petits sauts.
Auguste le regarda d'un air inquiet.
--Tenez-le bien jusqu'a ce que je sois dessus, dit-il.
_Le cocher_:--Il n'y a pas de danger, monsieur; l'animal n'est pas
mechant; vous n'avez pas besoin d'avoir peur.
_Auguste_, pique:--Je n'ai pas peur du tout; est-ce que j'ai l'air
d'avoir peur, moi qui n'ai peur de rien!
_Henri_, tout bas a Pierre:--Excepte des gressets.
_Auguste_:--Que dis-tu, Henri? Qu'as-tu dit a l'oreille de Pierre?
_Henri_, avec malice:--Oh! rien d'interessant; je croyais voir un
gresset la-bas sur l'herbe.
Auguste se mordit les levres, devint rouge, mais ne repondit pas. Il
finit par se hisser sur le poney, et il se mit a tirer sur la bride; le
poney recula; Auguste se cramponna a la selle.
--Ne tirez pas, monsieur, ne tirez pas; un cheval ne se mene pas comme
un ane, dit le cocher en riant.
Auguste lacha la bride. Je partis en avant avec Henri. Pierre suivit
sur l'ane de la ferme. J'eus la malice de prendre le galop; le poney
cherchait a me devancer; je n'en courais que plus vite; Pierre et Henri
riaient. Auguste criait et se tenait a la criniere; nous courions tous,
et j'etais decide a n'arreter que lorsque Auguste serait par terre. Le
poney, excite par les rires et les cris, ne tarda pas a me devancer; je
le suivis de pres, lui mordillant la queue lorsqu'il semblait vouloir se
ralentir. Nous galopames ainsi pendant un grand quart d'heure, Auguste
manquant tomber a chaque pas, et se retenant toujours au cou du cheval.
Pour hater sa chute, je donnai un coup de dent plus fort a la queue du
poney, qui se mit a lancer des ruades avec une telle force, qu'a la
premiere Auguste se trouva sur son cou, a la seconde il passa par-dessus
la tete de sa monture, t
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