ux Auguste. Dans l'apres-midi on sut qu'il etait plus
mal encore, que le medecin avait des inquietudes graves pour sa vie.
Mes jeunes maitres y allerent eux-memes vers le soir; les cousines
attendaient impatiemment leur retour. "Eh bien? eh bien? leur
crierent-elles du plus loin qu'elles les apercurent. Quelles nouvelles?
Comment va Auguste?"
--Pas bien, repondit Pierre; et pourtant un peu moins mal que tantot.
_Henri_:--Le pauvre pere fait pitie; il pleure, il sanglote, il demande
au bon Dieu de lui laisser son fils; il dit des choses si touchantes,
que je n'ai pu m'empecher de pleurer.
_Elisabeth_:--Nous allons tous prier avec lui et pour lui a notre priere
du soir; n'est-ce pas mes amis?
--Certainement, et de grand coeur, dirent tous les enfants en meme
temps.
_Madeleine_:--Pauvre Auguste, s'il allait mourir, pourtant!
_Camille_:--Le pauvre pere deviendrait fou de chagrin, car il n'a pas
d'autre enfant.
_Elisabeth_:--Ou est donc la mere d'Auguste? on ne la voit jamais.
_Pierre_:--Il serait etonnant qu'on la vit, puisqu'elle est morte depuis
dix ans.
_Henri_:--Et, ce qu'il y a de singulier, c'est que la pauvre femme est
morte pour etre tombee dans l'eau pendant une promenade en bateau.
_Elisabeth_:--Comment? elle s'est noyee?
_Pierre_:--Non, on l'a retiree immediatement, mais il faisait si chaud,
et elle avait ete tellement saisie par le froid de l'eau et par la
frayeur, qu'elle a ete prise de la fievre et du delire, exactement comme
Auguste et elle est morte huit jours apres.
_Camille_:--Mon Dieu, mon Dieu! pourvu qu'il n'en arrive pas autant a
Auguste!
_Elisabeth_:--Voila pourquoi il faut que nous priions beaucoup;
peut-etre le bon Dieu nous accordera-t-il ce que nous lui demanderons.
_Madeleine_:--Ou est donc Jacques?
_Camille_:--Il etait ici tout a l'heure, il sera rentre.
Il n'etait pas rentre, le pauvre enfant, mais il s'etait mis a genoux
derriere une caisse, et, la tete cachee dans ses mains, il priait
et pleurait. Et c'etait moi qui avais cause la maladie d'Auguste,
l'affreuse inquietude du malheureux pere, et enfin le chagrin de mon
petit Jacques! Cette pensee m'attrista moi-meme; je me dis que je
n'aurais pas du venger Medor. "Quel bien lui a fait la chute d'Auguste?
me demandai-je. Est-il moins perdu pour moi? La vengeance que j'ai tiree
m'a-t-elle servi a autre chose qu'a me faire craindre et detester?"
J'attendis avec impatience le lendemain pour avoir des nouvelles
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