nteux et immobile devant les rires et les
plaisanteries des enfants.
--Habillons-le, s'ecria Pierre, il n'a pas la force de passer son habit.
--Prends garde qu'une mouche ou un moucheron ne se pose dessus, dit
Henri; ce serait un nouveau danger a courir.
Auguste voulut se sauver, mais tous les enfants, petits et grands,
coururent apres lui, Pierre tenant l'habit qu'il avait ramasse, les
autres poursuivant le fuyard et lui coupant le passage. Ce fut une
chasse tres amusante pour tous, excepte pour Auguste, qui, rouge de
honte et de colere, courait a droite, a gauche, et rencontrait partout
un ennemi. Je m'etais mis de la partie; je galopais devant et derriere
lui, redoublant sa frayeur par mes braiments et par mes tentatives de le
saisir par le fond de son pantalon; une fois je l'attrapai, mais il tira
si fort, que le morceau me resta dans les dents, ce qui redoubla les
rires des enfants. Je reussis enfin a le saisir solidement; il poussa
un cri qui me fit croire que je tenais sous ma dent autre chose
que l'etoffe du pantalon. Il s'arreta tout court; Pierre et Henri
accoururent les premiers; il voulut encore se debattre contre leurs
efforts, mais je tirai legerement, ce qui lui fit pousser un second cri
et le rendit doux comme un agneau: il ne bougea pas plus qu'une statue
pendant que Pierre et Henri lui enfilerent son habit. Je lachai aussitot
qu'on n'eut plus besoin de mon aide, et je m'eloignai la joie dans le
coeur, d'avoir si bien reussi a le rendre ridicule. Il ne sut jamais
comment cette grenouille s'etait trouvee dans sa poche, et depuis ce
fortune jour il n'osa plus parler de son courage ... devant les enfants.
XXI
LE PONEY
Ma vengeance aurait du etre assouvie, mais elle ne l'etait pas; je
conservais contre le malheureux Auguste un sentiment de haine qui me
fit commettre a son egard une nouvelle mechancete, dont je me suis
bien repenti depuis. Apres l'histoire de la grenouille, nous fumes
debarrasses de lui pendant pres d'un mois. Mais son pere le ramena un
jour, ce qui ne fit plaisir a personne.
--Que ferons-nous pour amuser ce garcon? demanda Pierre a Camille.
_Camille_:--Propose-lui d'aller faire une partie d'ane dans les bois;
Henri montera Cadichon, Auguste prendra l'ane de la ferme, et toi tu
monteras ton poney.
_Pierre_:--C'est une bonne idee que tu as la, pourvu qu'il veuille bien
encore!
_Camille_:--Il faudra bien qu'il veuille; fais seller le poney et les
anes; quand ils sero
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