s voleurs qui nous ont attaques sans
que nous les ayons vus.
_Le brigadier_:--Tiens? Finot m'a pas dit comme vous.
_Passe-Partout_:--Finot a eu si peur qu'il a perdu la memoire; il ne
faut pas croire ce qu'il dit.
_Le brigadier_:--Je ne l'ai pas cru non plus, pas davantage que je ne
crois a ce que vous me dites vous-meme, l'ami Passe-Partout, car je vous
reconnais bien a present; vous vous etes trahi.
Passe-Partout s'apercut de la betise qu'il avait faite en reconnaissant
que son camarade s'appelait Finot. C'etait un sobriquet qui lui avait
ete donne au bagne pour se moquer de son peu de finesse.
Quant a Passe-Partout, son vrai nom etait _Partout_; et un jour qu'on se
pressait pour passer au refectoire, Finot s'ecria: "Passe-Partout", le
nom lui en resta.
Il n'y avait plus moyen de nier; il ne voulait pourtant pas avouer; il
prit le parti de hausser les epaules, en disant:
--Est-ce que je connais Finot, moi? C'etait pas malin de deviner que
vous parliez de mon camarade; je croyais que vous l'appeliez Finot pour
vous moquer.
--C'est bon! tournez cela comme vous voudrez, dit le brigadier, il n'en
est pas moins vrai que vous voyagez pour acheter du cidre avec votre
camarade; que vous avez trouve vos papiers sur la route; que vous les
portiez, apres les avoir lus, a la ville, chez les gendarmes; que vous
avez achete vos couteaux pour vous defendre contre des voleurs, que vous
avez ete attaques et blesses par ces memes voleurs. N'est-ce pas ca?
_Passe-Partout_:--Oui, oui, c'est bien mon histoire.
_Le brigadier_:--Dites donc votre _conte_, car votre camarade a dit tout
le contraire.
--Que vous a-t-il dit? demanda Passe-Partout avec inquietude.
--Il est inutile que vous le sachiez pour le moment. Quand on vous aura
ramenes au bagne, il vous le dira.
Et le brigadier sortit, laissant Passe-Partout dans un etat de rage et
d'inquietude facile a concevoir.
--Pensez-vous, docteur, que ces hommes soient en etat de marcher jusqu'a
la ville? demanda le brigadier a M. Tudoux.
--Je pense qu'ils y arriveront en ne les poussant pas trop, repondit M.
Tudoux avec lenteur. D'ailleurs, lors meme qu'ils tomberaient en route,
on pourrait toujours les ramasser et les etendre dans une voiture qu'on
irait chercher. Mais la tete est endommagee par le coup de pied de
l'ane; ils pourront bien en mourir dans trois ou quatre jours.
Le brigadier etait embarrasse; quoique les prisonniers ne lui fissent
eprouver aucune p
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