itie, il etait bon et il ne voulait pas les faire
souffrir sans necessite. M. de Ponchat, le papa de Pierre et de Henri,
voyant son embarras, lui proposa de faire atteler une carriole. Le
brigadier remercia et accepta. Quand la carriole fut amenee devant la
porte, on y fit entrer Finot et Passe-Partout, chacun d'eux se trouvant
entre deux gendarmes. De plus, on avait eu la precaution de leur
attacher les pieds afin qu'ils ne pussent sauter de la carriole et
s'enfuir. Le brigadier, a cheval, marchait a cote de la carriole, et ne
perdait pas de vue ses prisonniers. Ils ne tarderent pas a disparaitre,
et je restai seul devant la maison, mangeant de l'herbe, en attendant
avec impatience la promenade de mes petits maitres, et surtout de mon
petit Jacques que je desirais revoir; le service que je venais de rendre
devait m'avoir fait pardonner ma mechancete passee.
Quand le jour fut venu tout a fait, que tout le monde fut leve, habille,
eut dejeune, un groupe se precipita sur le perron. C'etaient les
enfants. Tous coururent a moi et me caresserent a l'envi. Mais, entre
toutes les caresses, celles de mon petit Jacques furent les plus
affectueuses.
--Mon bon Cadichon, disait-il, te voila revenu! J'etais si triste que tu
fusses parti! Mon cher Cadichon, tu vois que nous t'aimions toujours.
_Camille_:--Il est vrai qu'il est redevenu tres bon.
_Madeleine_:--Et qu'il n'a plus cet air insolent qu'il avait pris depuis
quelque temps.
_Elisabeth_:--Et qu'il ne mord plus son camarade ni les chiens de garde.
_Louis_:--Et qu'il se laisse seller et brider tres sagement.
_Henriette_:--Et qu'il ne mange plus les bouquets que je tiens dans la
main.
_Jeanne_:--Et qu'il ne rue plus quand on le monte.
_Pierre_:--Et qu'il ne court plus apres mon poney pour lui mordre la
queue.
_Jacques_:--Et qu'il a sauve tous les legumes et les fruits du potager
en faisant attraper les deux voleurs.
_Henri_:--Et qu'il leur a casse la tete avec ses pieds.
_Elisabeth_:--Mais comment a-t-il pu faire prendre les voleurs?
_Pierre_:--On ne sait pas du tout comment il a pu faire; mais on a ete
averti par ses braiments. Papa, mes oncles et quelques domestiques sont
sortis et ont vu Cadichon allant et venant, galopant avec inquietude de
la maison au jardin; ils l'ont suivi avec des lanternes, et il les a
menes au bout du mur exterieur du potager; ils ont trouve la deux hommes
evanouis et ils ont vu que c'etaient des voleurs.
_Jacques_:--Comm
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