de pommes de terre, Jacques faisait une bouillie de ses fraises
et de sa creme, Louis achevait une pile de tartines, Henriette rapait
son sucre qui debordait le sucrier, Jeanne epluchait les cerises du
panier, Auguste, suant, soufflant, mettait le couvert, courait pour
avoir de l'eau fraiche pour rafraichir le vin, pour embellir l'aspect du
couvert avec des bateaux de radis, de cornichons, de sardines,
d'olives. Il avait oublie le sel, il n'avait pas songe aux couverts; il
s'apercevait que les verres manquaient; il decouvrait des hannetons et
des moucherons tombes dans les verres, dans les assiettes. Quand tout
fut pret, quand tous les plats furent places sur la nappe, Camille se
frappa le front.
--Ah! dit-elle. Nous n'avons oublie qu'une chose: c'est demander a nos
mamans la permission de dejeuner dehors et de manger de notre cuisine.
--Courons vite, s'ecrierent les enfants, Auguste gardera le dejeuner.
Et, s'elancant tous vers la maison, ils se precipiterent dans le salon
ou etaient rassembles les papas et les mamans.
La presence de ces enfants rouges, haletants, avec des tabliers de
cuisine qui leur donnaient l'air d'une bande de marmitons, surprit les
parents.
Les enfants, courant chacun a leur maman, demanderent avec une telle
volubilite la permission de dejeuner dehors, qu'elles ne comprirent pas
d'abord la demande. Apres quelques questions et quelques explications,
la permission fut accordee, et ils retournerent bien vite rejoindre
Auguste et leur dejeuner. Auguste avait disparu.
--Auguste! Auguste! crierent-ils.
--Me voici, me voici, repondit une voix qui semblait venir du ciel.
Tous leverent la tete et apercurent Auguste, perche au haut d'un chene,
et qui se mit a descendre avec lenteur et precaution.
--Pourquoi as-tu grimpe la-haut? Quelle drole d'idee tu as eue! dirent
Pierre et Henri.
Auguste descendait toujours sans repondre.
Quand il fut a terre, les enfants virent avec surprise qu'il etait pale
et tremblant.
_Madeleine_:--Pourquoi avez-vous grimpe a l'arbre, Auguste, et que vous
est-il arrive?
_Auguste_:--Sans Cadichon, vous n'auriez retrouve ni moi, ni votre
dejeuner; c'est pour sauver ma vie que je suis monte au haut de ce
chene.
_Pierre_:--Raconte-nous ce qui est arrive; comment Cadichon a-t-il pu te
sauver la vie et preserver notre dejeuner?
_Camille_:--Mettons-nous a table; nous ecouterons en mangeant; je meurs
de faim.
Ils se placerent sur l'herbe, autour de la n
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