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aussi: elles ont dit que c'etait impossible, que Pierrette etait trop
laid.
Pierre rougit un peu; pourtant comme il commencait lui-meme a trouver
Pierrette un nom ridicule, il ne dit rien et soupira.
--Ou sont les dragees? demanda-t-il.
_Camille_:--Dans un grand panier qu'on emportera a l'eglise. On laissera
ici les boites et les paquets. Tout est pret; viens voir combien il y en
a.
Ils coururent a l'antichambre, ou tout etait prepare.
_Pierre_:--Pour quoi faire tous ces centimes? Il y en a presque autant
que de dragees.
_Camille_:--C'est pour jeter aux enfants de l'ecole.
_Pierre_:--Comment, aux enfants de l'ecole? Nous irons donc a l'ecole
apres le bapteme?
_Camille_:--Mais non: c'est pour jeter a la porte de l'eglise. Tous les
enfants du village sont rassembles, et on jette en l'air des poignees de
dragees et de centimes; ils les attrapent et les ramassent par terre.
_Pierre_:--Est-ce que tu as deja vu jeter des dragees?
_Camille_:--Non, jamais, mais on dit que c'est tres amusant.
_Pierre_:--Je crois que je n'aimerai pas cela; bien certainement ils se
battent, ils se font mal. Et puis je n'aime pas qu'on jette les dragees
aux enfants comme a des chiens.
--Camille, Pierre, venez, voici l'enfant qui arrive; on va bientot
partir, s'ecria Madeleine qui arrivait tout essoufflee.
Tous partirent en courant pour aller au-devant de l'enfant.
--Oh! que notre filleule est belle! dit Pierre.
_Camille_:--Je crois bien! elle a une robe brodee tout autour, un bonnet
de dentelle, un manteau double de soie rose.
_Pierre_:--Est-ce toi qui as donne tout cela?
_Camille_:--Oh non! Je n'avais pas assez d'argent; c'est maman qui a
tout paye, excepte le bonnet, que j'ai achete de mon argent.
Tout le monde etait pret; quoiqu'il fit tres beau temps, la caleche
etait attelee pour mener l'enfant avec sa nourrice, le parrain et la
marraine. Camille et Pierre etaient fiers de se trouver, comme de
grandes personnes, tout seuls dans la voiture. Ils partirent; moi,
j'attendais, attele a la petite voiture des enfants; Louis, Henriette
et Elisabeth se mirent devant pour mener, et Henri grimpa derriere; les
mamans, les papas et les bonnes etaient partis les uns apres les autres
pour se trouver pres de nous en cas d'accident, mais ce n'etait que par
exces de prudence, car, avec moi, ils savaient qu'il n'y avait rien a
craindre.
Je partis au galop, malgre la charge que je trainais; mon amour-propre
me pouss
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