. Il voudra t'attirer a sa cour, n'y va pas, mon fils; mais ne
te revolte pas non plus contre lui."
Il dit et il expira.
DEUXIEME RENCONTRE.
Nous avons traduit textuellement la premiere rencontre pour donner au
lecteur une idee juste de la forme de ce recit. M. Chodzko declare dans
sa preface, en qualite d'etranger, qu'il n'a point pretendu faire de sa
_transcription_ une oeuvre de style pour la langue anglaise. Nous ne
possedons pas assez cette langue pour adresser des critiques a M.
Chodzko; mais nous la lisons assez pour esperer n'avoir point fait
de contre-sens, et pour nous etre assure que les rapsodies des
Kourroglou-Khans ne pouvaient pas nous etre transmises avec plus de
concision, de franchise et de simplicite. Nous ne savons pas non plus si
le style de M. Chodzko a la veritable couleur orientale; mais on a pu
voir par ce qui precede (rendu mot a mot autant que possible) que c'est
une couleur nette, hardie, sans recherche, sans affectation, sans aucune
coquetterie deplacee pour chercher a flatter le gout europeen. C'etait,
je crois, la vraie maniere et la seule bonne.
La seconde _rencontre_ est consacree a faire rencontrer en effet,
Kourroglou et le terrible bandit Daly-Hassan. Ce dernier pretend avoir
le monopole du pillage et du meurtre. Il rit de pitie en voyant un
ennemi si jeune venir tout seul pour le defier, au milieu de quarante
de ses meilleurs garnements. "Le monde entier retentit de ma gloire,
s'ecrie Daly-Hassan, qui ne se pique pas de Modestie.
"Et le pauvre diable ose me barrer le chemin?--Miserable! lui repond
Kourroglou; tu ne t'es jamais battu qu'avec des agneaux: tu ne sais pas
encore ce que c'est qu'un belier."
Le belier est apparemment chez cette race de pasteurs le type du courage
et de la force; car Kourroglou, qui n'est pas modeste non plus, se
compare de preference a cet animal dans ses frequentes vanteries, et
quand il a dit: "Je suis Kourroglou le belier," il a tout dit.
Daly-Hassan ne se presse pas d'entamer le combat. Les bravades de son
ennemi l'amusent, et il lui permet d'improviser et de chanter les
stances qui lui _viennent a l'esprit_, comme dit Kourroglou en semblable
occasion. Ces stances sont toujours belles d'energie sauvage, et le
refrain de celles-ci est un cri d'impatience, _"Ne combattrons-nous donc
pas aujourd'hui?"_ En voici une qui ne manque pas de caractere:
"Montre-moi un homme qui puisse tendre mon arc! Montre-moi un homme qui,
_comme un belier
|