it une course rapide, ses yeux sont
comme couverts d'un brouillard, et que sa vue n'est pas tres-claire
pendant quelque temps. Kourroglou ne reconnut pas Hamza, et demanda:
"Meunier, ou est le cavalier qui monte le cheval attache a ta porte?
--O mon agha! le cavalier s'est precipite ici, saisi d'une telle
crainte, qu'il a couru sa cacher sous la roue."
Kourroglou, tout tremblant de rage, descendit de cheval: "Tiens mon
cheval." Il tira alors son poignard, et courut a la recherche du voleur.
Kyrat avait cette qualite, qu'il obeissait en toute chose a quiconque le
recevait en depot de la main de Kourroglou. Il se laissa guider comme un
enfant. Hamza, qui n'etait pas sot, jeta la robe de meunier a bas, et
sauta sur Kyrat. Il essaya d'un temps de galop, et revint attendre
tranquillement Kourroglou, qui, ayant tourne sens dessus dessous tout ce
qu'il y avait dans le moulin, et n'y trouvant pas une ame, sortit et vit
Durrat a la porte. Aux pieds de Durrat, la robe du meunier gisait par
terre; un peu plus loin on voyait le victorieux Hamza sous sa propre
forme, monte sur Kyrat. Il pensa dans son coeur: "J'ai fait la un marche
capital! plaise a Dieu que je ne le regrette pas quand il sera trop
tard!" Et il s'ecria: "Hamza-Beg!--Quel est ton plaisir, noble
guerrier?--Nous allons revenir a la maison, mais nous irons au pas, les
chevaux sont fatigues.--Ou dis-tu que tu veux aller?--A Chamly-Bill. Tu
m'as offense sans raison; et je suis venu le chercher en personne.--Ne
plaisante pas davantage, Kourroglou. J'ai cherche le cheval dans le
ciel, mais, Dieu soit loue, je l'ai trouve sur la terre. Tu as daigne me
faire present de Kyrat, de ta propre main. Puisses-tu jouir d'une vie
et d'un bonheur sans fin! Seulement ne me demande pas de te suivre.--Je
t'en conjure, je l'en prie, Hamza, je deviendrai ton esclave! Dis,
sont-ce des richesses, un cheval, une femme, que tu convoites? Guerrier,
je te jure que tu auras toute chose en abondance. Tu as le choix; tout
ce que je possede t'appartient.--Je ne serai pas la dupe de ta ruse.
Ce que je desire ne t'appartient pas: je te ferai connaitre la verite.
J'aime la plus jeune des filles de Hassan-Pacha, qui a promis de me la
donner pour femme, en echange de Kyrat. Depuis six mois et plus, je
languissais de desespoir a Chamly-Bill. Maintenant regarde, j'emmene
Kyrat, et tu es toi-meme la cause de mon bonheur. Puisses-tu vivre
heureux et longtemps! Je m'en vais prendre femme.--Hamza-Beg! rends-m
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