rent respectueusement dans le
harem. Belly-Ahmed fut tire de sa prison et recompense par un des
premiers grades dans la troupe. Ce meme jour, on celebra le mariage
de Kourroglou et celui d'Ayvaz, auquel le maitre donna une femme. Les
musiciens, danseurs et jongleurs vinrent en foule. Le vin coula par
torrents, et il coule encore a cette heure, dit ordinairement le _khan_
pour clore cette rapsodie.
SIXIEME RENCONTRE.
Dans un des districts de l'Anatolie vit une grande tribu de nomades
connus sous le nom de Haniss. Elle est composee de trente mille familles
qui sont toutes riches et qui habitent un pays magnifique. Chacun de
ces chefs consacre sa vie a quelque objet favori. L'un aime les beaux
velements, un autre prefere les femmes, et un troisieme est passionne
pour les chiens de chasse ou les faucons. Leur chef, Hassan-Pacha,
aimait les chevaux par-dessus tout. Quand il entendait parler d'un beau
cheval, il n'epargnait ni argent ni peine pour se le procurer.
Un jour, Hassan-Pacha vint dans ses ecuries, et, apres avoir examine
plusieurs de ses chevaux, il dit a son vizir: "Certainement, aucun roi,
dans les cinq parties du monde, ne peut se vanter d'avoir une ecurie
comme celle-ci." Le vizir repliqua: "Aucun roi, il est vrai, n'a
d'ecurie comme celle-ci; mais Kourroglou a un cheval a Chamly-Bill, du
nom de Kyrat, et Keyvan lui-meme, celui qui gouverne les sept cieux, ne
possede pas son pareil.--O mon vizir! je suis pret a donner tout ce
que j'ai pour acquerir ce joyau.--Pacha, ce n'est pas chose facile.
Kourroglou ne manque pas d'argent, et il n'y a aucune possibilite de lui
prendre son cheval de force.--Vizir, a l'homme qui m'amenera ce cheval
je donnerai la moitie de mon pouvoir; s'il dit: "Ce n'est pas assez," je
lui donnerai la moitie de mes richesses; et si cela meme ne le contente
pas, j'ai sept filles, il aura la liberte de choisir la plus belle pour
sa femme. Va, et fais proclamer a son de trompe, dans la direction des
quatre vents, a tous les camps de notre tribu, l'ordre suivant: "Qu'il
soit bey ou mendiant, vieux ou jeune, il sera mon gendre celui qui
m'amenera Kyrat."
Il y avait dans la tribu de Haniss un certain marmiton nomme Hamza, dont
la tete et les sourcils etaient chauves, et qui etait marque de petite
verole. Cet homme, ayant entendu la proclamation, accourut aupres
du vizir nu-pieds et a peine vetu. "Que proclame-t-on ainsi,
vizir?--Qu'est-ce que cela te fait, a toi, vilaine tete chauve?--J
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