e, ou je lui paierai le reste de la somme. Tu
dormiras dans ma maison, et tu partiras demain matin." Kourroglou
repliqua: "Je n'irai pas a Orfah, car j'ai entendu dire que ceux qui
y passent la nuit avec de l'argent sont assassines. Il faut que tu me
payes ici meme.--Je ne suis pas un voleur, Roushan-Beg; cependant je
ferai comme tu l'ordonnes. Reste ici avec Ayvaz; et toi, mon enfant,
sois gai et amuse notre oncle par ta conversation, pendant que je
courrai a la ville chercher le reste de l'argent."
Ainsi le boucher sans cervelle laissa son fils entre les mains de
Kourroglou, et, enfourchant sa maigre rosse il partit pour Orfah.
Kourroglou, sous pretexte d'aller chercher les quatre cages qu'il
avait promises a Ayvaz, laissa ce dernier avec l'esclave, tandis qu'il
retournait vers le berger. Il reprit son armure, _ainsi que ses dix-sept
armes_. Alors il demanda au berger: "Ou est mon cheval?--Oh! puisse ta
maison tomber en ruine! Ton cheval est aussi fou que toi-meme. Je l'ai
attache par les quatre jambes dans ce ravin, et ne puis te dire s'il
est mort ou vivant." Kourroglou lui dit: "Miserable! je souillerai le
tombeau de ton pere! Tu as fait du mal a mon cheval, fils de chien!" Et
il courut sans delai vers le ravin, ou il vit son Kyrat attache d'une
telle facon, qu'il ne pouvait bouger. Il detacha les liens de son
cheval, le sella, serra la sangle, puis, l'ayant embrasse sur les deux
yeux, il monta dessus et galopa vers Ayvaz. Il prit d'abord le sac de
piastres, qu'il attacha derriere la selle avec des courroies.
"Allons maintenant, mon Ayvaz, monte avec moi sur ce cheval et
partons!--Guerrier, tu te moques de moi; mon oncle Roushan sera bientot
ici, et tu seras demonte par un seul coup de sa massue.--Frotte les
yeux, Ayvaz, et regarde; ne reconnais tu pas ton oncle?" Ayvaz l'examina
attentivement. "Oui, c'est lui, dit-il, c'est Roushan-Beg lui-meme;
seulement son habit n'est pas le meme."
Il commenca a pleurer, et s'ecria: O ma mere! o mon pere! ou etes-vous?"
Ses larmes et ses prieres lui servirent peu. Kourroglou l'enleva sur sa
selle, le placa derriere lui, et ayant lie un shawl autour de son corps
et de celui d'Ayvaz, il assujettit ce dernier a sa ceinture. Ensuite il
donna un coup d'eperon a son cheval, le fouetta, et emporta sa proie.
Le credule esclave du boucher pensait que tout cela n'etait qu'un jeu.
Cependant il courut apres lui et cria: "Treve a ce jeu, treve a cette
plaisanterie." A la fin il se fach
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