est aussi assez fort pour tendre un arc."
Sur cela, ils s'elancerent a sa poursuite. Aussitot que Reyhan l'Arabe
apercut Kourroglou, il cria: "Roi, parviendrais-tu a t'echapper jusqu'a
Chamly-Bill, je t'y atteindrais encore." Kourroglou pensa: "Ce brigand
ne veut pas me laisser en paix." Il fit descendre Ayvaz de cheval,
examina la selle, les etriers, resserra la sangle, et retourna
au-devant de Reyhan l'Arabe, auquel il demanda: "Que veux-tu de moi,
mecreant?--Ecoutez cette belle question, ce que je veux? Tu as passe ta
main crasseuse sur ma tete." Kourroglou demanda: "Veux-tu combattre avec
moi comme un homme ou comme une femme?--Qu'entends-tu par combattre
comme un homme ou comme une femme?--Si tu ordonnes a tes cavaliers de
sauter sur moi, alors tu combattras comme une femme; si, au contraire,
tu consens a te battre seul avec moi, ce sera un combat comme il
convient a des hommes.
--Soit, battons-nous donc comme des hommes." Kourroglou, qui voyait que
les cavaliers de Reyhan l'Arabe attendaient tranquillement, ranges en
ligne, dit dans son coeur: "Malgre ses promesses, je ne puis me fier a
la parole des Sunnites; commencons donc par eloigner d'ici au moins une
partie de ses cavaliers. Ecoutez-moi, Reyhan l'Arabe, j'ai coutume de
chanter avant le combat. Voici mon chant:
_Improvisation._--"Guerrier Reyhan! tu es venu avec une armee contre
moi seul. Ou est ton honneur, ou est ta valeur si vantee? Pourquoi
cherches-tu a detruire mon ame? Guerrier Reyhan, tu es fou!"
Le son de sa voix, aussi bien que le chant, etaient si terribles, que
les cavalieres de Reyhan furent frappes de peur. Kourroglou continua:
_Improvisation_.--"Montrez-moi un homme qui puisse tendre mon arc.
Trouvez-moi un guerrier qui vienne frapper sa tete comme un belier
contre mon bouclier. Je puis broyer l'acier entre mes dents, et je le
crache alors avec mepris contre le ciel. Oh! pourquoi ne pas combattre
aujourd'hui?"
Les cavaliers de Reyhan l'Arabe, saisis d'horreur, murmurerent l'un a
l'autre: "Pour la gloire de la race d'Osman, pas un de nous n'echappera
au tranchant du sabre de Kourroglou." Plusieurs d'eux prirent la fuite.
Kourroglou dit dans son coeur: "Est-ce ainsi? Fuyez donc." Et il
improvisa.
_Improvisation_.--"Donne ordre a ton armee de se diviser par bataillons.
Ah! ont-ils tant de confiance dans leur nombre? Je suis seul, que cinq
cent, que six cents de vous s'avancent! Reyhan est venu, il est fou, en
verite."
Ce chant m
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