hara, fille du sultan de Constantinople."
La belle princesse a entendu parler de Kourroglou, et elle s'est eprise
de lui sur sa brillante reputation. Un jour qu'elle etait sortie pour se
promener dans les bazars de la ville, et qu'au son des tambours, tous
les promeneurs et tous les marchands s'enfuyaient pour ne pas payer
de leur tete le bonheur de l'apercevoir, un certain Belly-Ahmed
(c'est-a-dire _le fameux_ Ahmed), qui se trouvait la, se dit en
lui-meme: "Ton nom est Belly-Ahmed, et tu ne verrais pas cette belle
princesse?" Il la vit, en effet, et faillit le payer cher; car la
princesse, qui n'entendait pas raillerie, le foula aux pieds, et l'eut
fait etrangler par ses eunuques, s'il n'eut eu l'heureuse inspiration de
lui dire, tout en la suppliant, qu'il etait natif d'Erzeroum. Aussitot
la princesse lui demande s'il n'a point vu dans ces contrees un certain
Kourroglou, et Belly-Ahmed, qui n'est point sot, se hate de se donner
pour un de ses serviteurs. Alors la princesse lui jette de l'or a
poignees, et lui remet, pour son maitre, son propre portrait avec une
lettre ainsi concue:
"O toi qui es appele Kourroglou! la gloire de ton nom a jete un charme
sur nos contrees. Je me nomme Nighara, fille du sultan Murad. Je te dis,
afin que tu l'apprennes, si tu ne le sais pas encore, que j'eprouve
un ardent desir de te voir. Si tu as du courage, viens a Istambul, et
enleve-moi."
Belly-Ahmed part pour Chamly-Bill, et se presente aux sentinelles qui
s'emparent de lui et le conduisent a Kourroglou. Celui-ci lui trouve
bonne mine, le fait asseoir, et envoie son bel echanson Ayvaz lui
chercher du vin. Alors recommence avec Ahmed un dialogue dans la
forme de celui qu'on a vu au chapitre precedent, entre Kourroglou et
Khoya-Yakub. "As-tu vu un plus beau cheval que mon Kyrat?---Je n'en ai
pas vu.--As-tu vu un plus beau guerrier que mon Ayvaz?--Je n'en ai pas
vu.--As-tu vu une plus belle fete, etc.--Mais, o Kourroglou! j'ai vu,
a Istambul, la princesse Nighara!" Kourroglou dresse l'oreille, lit le
billet, regarde la miniature, fait seller Kyrat; et part en laissant
Belly-Ahmed enchaine dans un cachot, comme il avait fait pour
Khoya-Yakub; en pareille circonstance, c'est sa facon d'agir.
[Illustration: Ayant entendu la proclamation... (Page 2l.)]
Ayant passe les portes de la ville (Constantinople), il descendit
de cheval, et Kyrat le suivit par les rues. Ce merveilleux cheval
(descendant a coup sur de celui qui portait les q
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