uatre fils Aymon),
sachant bien qu'il pourrait eveiller, par sa beaute, la convoitise des
etrangers, ou _craignant qu'on ne jetat sur lui quelque charme_, "avait
l'esprit de laisser tomber ses oreilles comme un ane, de rebrousser
son poil, d'emmeler sa criniere, enfin de se donner l'apparence et la
demarche d'une rosse."
Kourroglou vit une femme decrepite dont le dos _avait la forme courbee
de la nouvelle lune_, et connut a son air que c'etait une sorciere. Il
lui demande l'hospitalite. Elle s'excuse sur sa pauvrete. Il lui donne
de l'or, elle s'attendrit. Mais arrives a la maison de la vieille,
Kourroglou, qui veut y faire entrer Kyrat, trouve la porte si basse,
qu'il est oblige de partager la muraille en deux d'un coup de sabre. La
dame pleure, le bandit l'apaise en lui promettant de lui faire rebatir
une _belle grande porte_. L'ecurie etait confortable; mais il n'y
avait dans les mangeoires qu'un peu de paille et de ronces seches.
Heureusement Kyrat n'etait pas degoute, et, comme son maitre, mangeait
ce qui se trouvait, _pourvu que ce fut un peu moins dur que la pierre_.
Kourroglou trouva la maison propre et bien aeree, mais depourvue de
tapis. Or, un Persan se passera de tout volontiers plutot que de tapis.
Une chambre honorable doit en avoir un en laine etendu au milieu, deux
etroits en drap feutre, places de chaque cote du premier, dans le sens
de la longueur, et un quatrieme en pur feutre, appele le serendaz, place
en travers sur le tout. C'est la qu'un gentleman persan boit, mange,
cause, et digere convenablement. "Mere, dit Kourroglou a la vieille, va
m'acheter au bazar un assortiment de tapis; que le feutre soit de
la manufacture de Jam, et que celui du milieu soit des fabriques du
Khorassan. Voici encore une poignee d'argent."
Il s'installe bientot sur ses beaux tapis, ote son armure, dont la
vieille suspend une a une les diverses pieces a la muraille, et lui
donne encore une poignee d'argent pour qu'elle aille acheter une robe
neuve; car la sienne est si vieille et si malpropre, que le sybarite
Kourroglou _ne peut la regarder_. "Voici un vrai fils pour moi! dit la
sorciere. Puisse-je rencontrer une douzaine de tels enfants!" Elle s'en
va chercher des habits neufs tout faits dans la boutique d'un tailleur,
et enveloppe sa bouche d'un mouchoir blanc pour cacher a son hote
delicat sa bouche edentee. Sous pretexte de l'arrivee prochaine de douze
pretendus amis qu'il doit regaler, Kourroglou lui commande un
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