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il fut donc oblige de regarder le fripon devorer sous ses yeux l'excellent morceau qu'il avait derobe. Justement irrite d'une semblable effronterie, il resta au pied de l'arbre, aboyant, grondant, et faisant mille reproches. Ses aboiements attirerent des enfants qui sortaient de l'ecole; ils se joignirent a Medor pour injurier le chat; ils finirent meme par ramasser des pierres et lui en jeter; c'etait une veritable grele. Le chat se sauva au haut de l'arbre, se cacha dans les endroits les plus touffus: ce qui n'empecha pas les mechants garcons de continuer leur jeu et de faire des hourras de joie chaque fois qu'un miaulement plaintif leur apprenait que le chat avait ete touche et blesse. Medor commencait a s'ennuyer de ce jeu; les miaulements douloureux du chat avaient fait passer sa colere, et il craignait que les enfants ne fussent trop cruels. Il se mit donc a aboyer contre eux et a les tirer par leurs blouses; ils n'en continuerent pas moins a lancer des pierres; seulement, ils en jeterent aussi quelques-unes a mon pauvre ami. Enfin un cri rauque et horrible, suivi d'un craquement dans les branches, annonca qu'ils avaient reussi, que le chat etait grievement blesse, et qu'il tombait de l'arbre. Une minute apres, il etait par terre, non seulement blesse, mais raide mort; il avait eu la tete brisee par une pierre. Les mechants enfants se rejouirent de leur succes, au lieu de pleurer sur leur cruaute et sur les souffrances qu'ils avaient fait endurer a ce pauvre animal. Medor regardait son ennemi d'un air compatissant, et les garcons d'un air de reproche; il allait retourner a la maison, lorsqu'un des enfants s'ecria: --Faisons-lui prendre un bain dans la riviere, ce sera tres amusant. --Bien dit, bien imagine! s'ecrierent les autres. Attrape-le, Frederic; le voila qui se sauve. Et voila Medor poursuivi par ces mechants vauriens, eux et lui courant a toutes jambes; ils etaient malheureusement une douzaine, qui s'etaient espaces, ce qui l'obligeait a toujours courir droit devant lui, car aussitot qu'il cherchait a leur echapper a droite ou a gauche, tous l'entouraient, et il retardait ainsi sa fuite au lieu de l'accelerer. Il etait bien jeune alors, il n'avait que quatre mois; il ne pouvait courir vite ni longtemps; il finit donc par etre pris. L'un le saisit par la queue, l'autre par la patte, d'autres par le cou, les oreilles, le dos, le ventre; ils le tiraient chacun de leur cote, et s'amusaient de ses cris.
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