hasseurs qui tiraient, tuaient et
s'amusaient. Pourtant ils n'oubliaient pas leurs jeunes compagnons de
chasse, et, pour ne pas trop les fatiguer, ils proposerent une halte
pour dejeuner. Les jeunes gens accepterent avec joie. On rappela les
chiens, qu'on remit en laisse, et l'on se dirigea vers une ferme qui
etait a cent pas, et ou la grand'mere avait envoye des provisions.
On s'assit par terre sous un vieux chene; on etala le contenu des
paniers. Il y avait, comme a toutes les chasses, un pate de volaille, un
jambon, des oeufs, du fromage, des marmelades, des confitures, un gros
baba, une enorme brioche et quelques bouteilles de vieux vin. Tous
les chasseurs, jeunes et vieux, avaient grand appetit, et mangerent a
effrayer les passants. Pourtant la grand'mere avait si largement pourvu
aux faims les plus voraces, que la moitie des provisions resterent aux
gardes et aux gens de la ferme. Les chiens avaient la soupe pour apaiser
leur faim, et l'eau de la mare pour se desalterer.
--Vous n'avez donc pas ete heureux, enfants? dit le papa d'Auguste.
Cadichon ne marchait pas comme un ane trop charge.
_Auguste:_--Ce n'est pas etonnant, papa nous n'avions pas de chiens;
vous les aviez tous.
_Le pere:_--Ah! tu crois qu'un, deux, trois chiens vous auraient fait
tuer des perdreaux qui vous passaient sous le nez.
_Auguste:_--Ils ne les auraient pas fait tuer, papa, mais ils auraient
cherche et rapporte ceux que nous avons tues, et alors...
_Le pere_, interrompant d'un air surpris:--Ceux que vous avez tues! Vous
croyez avoir tue des perdreaux?
_Auguste:_--Certainement, papa; seulement, comme nous ne les voyions pas
tomber, nous ne pouvions pas les ramasser.
_Le pere_, de meme:--Et tu crois que, s'il en etait tombe, vous ne les
auriez pas vus?
_Auguste:_--Non, car nous n'avons pas d'aussi bons yeux que les chiens.
Le pere, les oncles, les gardes meme partirent d'un eclat de rire qui
rendit les enfants rouges de colere.
--Ecoutez, dit enfin le papa de Pierre et de Henri, puisque c'est faute
de chiens que votre gibier a ete perdu, vous allez avoir chacun le votre
quand nous nous remettrons en chasse.
_Pierre:_--Mais les chiens ne voudront pas nous suivre, papa ils ne nous
connaissent pas autant que vous.
_Le pere:_--Pour les obliger a vous suivre, nous vous donnerons les deux
gardes, et nous ne partirons qu'une demi-heure apres vous, afin que les
chiens n'aient pas la tentation de nous rejoindre.
_Pierre_,
|