pas a droite ni a gauche, pour ne pas
nous entre-tuer.
Les perdrix ne tarderent pas a partir de tous cotes; j'etais reste
prudemment derriere, et meme un peu loin: je fis bien; car plus d'un
chien retardataire recut des grains de plomb. Les chiens guettaient,
arretaient, rapportaient; les coups de fusil partaient sur toute la
ligne. Je ne perdais pas de vue mes trois jeunes vantards; je les voyais
tirer souvent, mais ramasser, jamais: aucun des trois ne toucha ni
lievre, ni perdrix. Ils s'impatientaient, tiraient hors de portee, trop
loin, trop pres; quelquefois tous trois tiraient la meme perdrix, qui
n'en volait que mieux. Les papas faisaient au contraire de la bonne
besogne: autant de coups de fusil, autant de pieces dans leurs
carnassieres. Apres deux heures de chasse, le papa de Pierre et de Henri
s'approcha d'eux.
--Eh bien! mes enfants, Cadichon est-il bien charge? Y a-t-il encore de
la place pour vider ma carnassiere, qui est trop pleine?
Les enfants ne repondirent pas: ils voyaient a l'air moqueur de leur
papa, qu'il savait leur maladresse. Moi, j'approchai en courant, et je
tournai un des paniers vers le papa.
_Le papa_:--Comment! rien dedans? Vos carnassieres vont crever, si vous
les remplissez trop.
Les carnassieres etaient plates et vides. Le papa se mit a rire de l'air
deconfit des jeunes chasseurs, se debarrassa de son gibier dans un de
mes paniers, et retourna a son chien, qui etait en arret.
_Auguste:_--Je crois bien que ton pere tue une quantite de perdreaux! Il
a deux chiens qui arretent et rapportent; et nous, on ne nous en a pas
laisse un seul.
_Henri:_--C'est vrai, ca; nous avons peut-etre tue beaucoup de perdrix,
seulement nous n'avions pas de chiens pour nous les rapporter.
_Pierre:_--Pourtant, je n'en ai pas vu tomber.
_Auguste:_--Parce qu'une perdrix tuee ne tombe jamais sur le coup; elle
vole encore quelque temps, et elle va tomber tres loin.
_Pierre:_--Mais quand papa et mes oncles tirent, leurs perdrix tombent
tout de suite.
_Auguste:_--Cela te semble ainsi parce que tu es loin, mais, si tu etais
a leur place, tu verrais filer la perdrix longtemps encore.
Pierre ne repondit pas, mais il n'avait pas trop l'air de croire ce que
disait Auguste. Tous marchaient d'un pas moins fier et moins leger qu'au
depart. Ils commencaient a demander l'heure.
--J'ai faim, dit Henri.
--J'ai soif, dit Auguste.
--Je suis fatigue, dit Pierre.
Mais il fallait bien suivre les c
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