rez, vous deux et votre ami Auguste?
_Henri:_--Quoi donc, papa?
_Le papa:_--Le temps, et rien avec.
_Henri_, tres pique:--Alors, papa, je ne sais pas pourquoi vous nous
avez donne des fusils, et pourquoi vous nous faites aller a la chasse,
si vous nous croyez assez sots, assez maladroits pour ne rien tuer.
_Le papa:_--C'est pour vous apprendre a chasser, petits nigauds, que je
vous fais aller a la chasse. On ne tue jamais rien les premieres fois.
La conversation fut interrompue par l'arrivee d'Auguste, pret aussi a
tuer tout ce qu'il rencontrerait. Pierre et Henri etaient encore rouges
d'indignation quand Auguste les rejoignit.
_Pierre:_--Papa croit que nous ne tuerons rien, Auguste; nous lui ferons
voir que nous sommes plus adroits qu'il ne le pense.
_Auguste:_--Sois tranquille, nous tuerons plus de gibier qu'eux.
_Henri:_--Pourquoi plus qu'eux?
_Auguste:_--Parce que nous sommes jeunes, vifs, lestes et adroits,
tandis que nos papas sont deja un peu vieux.
_Henri:_--C'est vrai, cela. Papa a quarante-deux ans. Pierre en a
quinze, et moi treize. Quelle difference!
_Auguste:_--Et mon papa a moi donc! Il a quarante-trois ans! Et moi qui
en ai quatorze!
_Pierre_:--Ecoute, je vais, sans le lui dire, faire mettre a Cadichon
le bat avec les paniers. Il nous suivra et nous lui ferons porter notre
gibier.
_Auguste_:--Bien, tres bien; fais mettre les grands paniers; si nous
tuons un chevreuil, il lui faudra une fameuse place.
Henri fut charge de la commission. Je riais sous cape de la prevoyance.
J'etais bien sur de ne pas avoir la charge d'un chevreuil et de revenir
avec les paniers vides comme au depart.
--En route! dirent les papas. Nous marcherons devant. Et vous, gamins,
suivez de pres. Quand nous serons en plaine, nous nous debanderons....
--Qu'est-ce donc? ajouta le papa de Pierre avec surprise; Cadichon nous
suit? Cadichon orne de deux enormes paniers?
--C'est pour le gibier de ces messieurs, dit le garde en riant.
_Le papa_:--Ah! ah! ah! ils ont voulu faire a leur tete, ... soit ... je
veux bien que Cadichon suive la chasse, s'il a du temps a perdre.
Il regarda en souriant Pierre et Henri, qui prirent un air degage.
--Ton fusil est-il arme, Pierre? demanda Henri.
_Pierre_:--Non, pas encore; c'est si dur a armer et a desarmer, que
j'aime mieux attendre qu'une perdrix parte.
_Le papa_:--Nous voici en plaine; a present, marchons tous sur la meme
ligne, et tirons devant nous, et
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