ue nous avons trouvee sur la route.
_La grand'mere:_--Tres volontiers, chere petite; mais qui est-elle?
_Madeleine:_--Je ne sais pas, grand'mere.
_La grand'mere:_--Ou demeure-t-elle?
_Madeleine_--Nulle part, grand'mere.
_La grand'mere:_--Comment, nulle part? Mais ses parents doivent demeurer
quelque part.
_Madeleine:_--Elle n'a pas de parents, grand'mere; elle est seule.
--Voulez-vous permettre, ma tante, dit timidement Therese, qu'elle
couche ici, cette pauvre petite?
--Si elle n'a reellement pas d'asile, je ne demande pas mieux, dit la
grand'mere. Il faut que je la voie et que je lui parle.
Elle se leva et suivit les enfants a la cuisine, ou la pauvre petite
approcha tout en boitant. La grand'mere la questionna et en obtint les
memes reponses. Elle se trouva fort embarrassee. Renvoyer cette enfant
dans l'etat d'abandon et de souffrance ou elle la voyait lui semblait
impossible. La garder etait difficile. A qui la confier? Par qui la
faire elever?
--Ecoute, petite, lui dit-elle: en attendant que je puisse prendre des
informations sur ton compte et savoir si tu m'as dit la verite, tu
coucheras et tu mangeras ici. Je verrai dans quelques jours ce que je
puis faire pour toi.
Elle donna ses ordres pour qu'on preparat un lit pour l'enfant et qu'on
ne la laissat manquer de rien. Mais la pauvre petite etait si sale,
que personne ne voulait ni la toucher ni l'approcher. Therese en etait
desolee; elle ne pouvait obliger les domestiques de sa tante de faire ce
qui leur repugnait.
--C'est moi, pensa-t-elle, qui ai amene cette petite; ce serait moi qui
devrais en avoir soin. Comment faire?
Elle reflechit un instant; une idee se presenta a son esprit.
--Attends, ma petite, dit-elle; je vais revenir tout a l'heure.
Elle courut chez sa maman.
--Maman, dit-elle, je dois prendre un bain, n'est-ce pas?
_La maman:_--Oui, Therese, vas-y; ta bonne t'attend.
--Maman, voulez-vous me permettre de faire baigner a ma place la petite
fille que nous avons amenee ici?
_La maman:_--Quelle petite fille? Je ne l'ai pas vue.
_Therese:_:--Une pauvre, pauvre petite, qui n'a ni papa, ni maman, ni
personne pour la soigner; qui couche dehors, qui ne mange que ce qu'on
lui donne. La grand'mere de Camille consent a la garder, mais aucun des
domestiques ne veut la toucher.
_La maman:_--Pourquoi donc?
_Therese:_--Parce qu'elle est si sale, si sale, qu'elle est degoutante;
alors, maman, si vous voulez bien, je l
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