de ces voleurs; ils avaient
compris qu'ils etaient decouverts, que leurs camarades avaient ete faits
prisonniers, et ils esperaient qu'a la faveur de l'incendie et des
efforts des gendarmes pour l'eteindre, ils pourraient s'echapper et
reprendre leurs amis. Nous vimes bientot les six voleurs restants et
leur capitaine sortir avec precipitation de l'entree masquee par des
broussailles; trois gendarmes seulement se trouvaient a ce poste; ils
tirerent chacun leur coup de carabine avant que les voleurs eussent
eu le temps de faire usage de leurs armes. Deux voleurs tomberent; un
troisieme laissa echapper son pistolet: il avait le bras casse. Mais
les trois derniers et leur capitaine s'elancerent avec fureur sur
les gendarmes, qui, le sabre d'une main, le pistolet de l'autre, se
battirent comme des lions. Avant que l'officier et les deux autres
gendarmes qui surveillaient le cote oppose du couvent eussent eu le
temps d'accourir, le combat etait presque termine; les voleurs etaient
tous tues ou blesses; le capitaine se defendait encore contre un
gendarme, le seul qui fut sur pied; les deux autres etaient grievement
blesses. L'arrivee du renfort mit fin au combat. Et un clin d'oeil le
capitaine fut entoure, desarme, garrotte et couche pres des six voleurs
prisonniers.
Pendant ce combat, le feu s'etait eteint; ce qui avait brule n'etait
que des broussailles et du menu bois; mais, avant de penetrer dans les
souterrains, l'officier voulut attendre l'arrivee du renfort qu'il
avait demande. La nuit etait bien avancee quand nous vimes arriver six
gendarmes nouveaux et la charrette qui devait emmener les prisonniers.
On les coucha cote a cote dans la voiture; l'officier etait humain: il
avait donne ordre de les debaillonner, de sorte qu'ils disaient aux
gendarmes mille injures. Les gendarmes n'y faisaient seulement pas
attention. Deux d'entre eux monterent sur la charrette pour escorter les
prisonnier; on fit des brancards pour emporter les blesses.
Pendant ces preparatifs, j'accompagnai l'officier dans la descente qu'il
fit aux souterrains, escorte de huit hommes. Nous traversames un long
corridor qui allait toujours en descendant, puis nous arrivames dans
les souterrains ou les brigands avaient etabli leur demeure. Un de ces
caveaux leur servait d'ecurie; nous y trouvames tous mes camarades pris
de la veille, qui avaient tous une pierre a la queue. On les en
delivra immediatement, et ils se mirent a braire a l'unisson. Dans ce
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