un artiste,
qui est, en meme temps, naturaliste amateur.
Il s'agissait pour eux d'explorer, sous certains rapports, la faune
entomologique, en langue vulgaire la nature des insectes qui habitent
notre departement. N'etant qu'un parfait ignorant pour mon compte, je
leur avais seulement promis, en leur servant de guide, un charmant pays
a parcourir.
Mais, avant d'aller plus loin, il faut que, pour la facilite de mon
recit, je baptise ces deux personnages que j'accompagne. Je leur
laisserai les noms dont ils s'etaient gratines l'un l'autre dans leurs
promenades entomologiques.
L'artiste est, a ses moments perdus, grand collectionneur et preparateur
de premier ordre. Un charmant petit papillon bleu fort commun etait
tombe en poussiere a la collection, et notre ami est si difficile dans
le choix des individus qu'il juge dignes d'y figurer, qu'il n'en trouve
pas toujours un sur cent. Il poursuivit donc, durant toute une saison,
la jolie lycaenide _amyntas_. De la le nom bucolique d'Amyntas qu'il
porte fort complaisamment et dont je ne vois pas, au reste, qu'il ait
sujet de se facher.
Le naturaliste, un savant modeste, bien que tres-connu a Paris de tous
les amateurs d'entomologie, etait absorbe, depuis quelques jours, dans
la recherche des coques de certaines chrysalides sur les branches mortes
de certains arbres. De la le nom pompeux de Chrysalidor, gracieusement
accepte par notre compagnon.
On partit par une matinee tres-fraiche, muni de provisions de bouche, a
seules fins de gagner du temps en route, car on trouve partout a manger
maintenant dans notre bas Berry; mais on n'y est pas encore tres-vif. Le
Berrichon des plaines n'est jamais presse, et avec lui il faut savoir
attendre.
Or, nous voulions arriver et ne pas perdre les belles heures du jour a
voir tourner les broches, lesquelles tournent aussi gravement que les
gens du pays. Quant aux tables, je doute qu'elles y tournent jamais, ou
ce serait avec une nonchalance si desesperante, que les plus fervents
adeptes s'endormiraient au lieu de penser a les interroger.
Nous dejeunames donc sur l'herbe, dans les ruines d'une vieille
forteresse, et, deux heures apres, nous quittions la route pour un
chemin vicinal non acheve, et plus gracieux a la vue que facile aux
voitures.
Nous avions traverse un pays agreable, des ondulations de terrain
fertile, de jolis bois penches sur de belles prairies, et partout de
larges horizons bleus qui rendent l'aspect de la c
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