i n'a rien.
--Un ancien bourgeois?
--Mon Dieu, non; un homme comme nous.
Me voila bien averti. Je donne du monsieur meme aux mendiants, et ils
m'y paraissent fort habitues. Au reste, ces mendiants sont rares: on en
compte deux ou trois dans la commune.
Les gallinaces sont magnifiques. Aujourd'hui que _la mode y est_, on
peut constater, dans le fond des campagnes, des localites qui ont su
profiter de l'amelioration des races.
Le petit poulet noir, etique et maraudeur, impossible a engraisser,
parce qu'il deperit dans les basses-cours, tend a disparaitre. Le coq de
Cochinchine pur sang ne le remplace pas d'emblee avec avantage. Il
demande trop de soins et craint nos longs hivers. Il devient goutteux de
bonne heure. Ses filles, nees de la poule normande ou de la poule du
Mans, sont riches pondeuses, couveuses assez fideles, meres sans souci
et sans constance pour leurs poussins, qu'elles abandonnent trop vite.
Voila les resultats obtenus chez nous.
Ici, les croisements ont produit une superbe espece, tres-robuste. On
n'a pu me dire le nom du type qui l'a amene.
--Ce sont de gros oeufs qu'on a donnes a _madame_ une telle du village;
et qu'elle a fait couver. Il lui est venu un beau coq qui a _cause_ avec
nos poules, et, depuis quatre ou cinq ans, toutes nos volailles sont
_venues_ belles.
Il faut dire aussi que les conditions d'elevage sont excellentes dans ce
bourg. La communaute de passages et l'absence de clotures aux
habitations en font une vaste basse-cour ou la volaille trotte, gratte,
mange et grimpe partout en liberte.
Le roi de ce pays de Cocagne est un coq blanc glace de jaune citron, a
large crete d'un rouge de corail. Il est escorte de deux poules: l'une
pareille a lui, l'autre plus blonde et non moins belle. Je ne sais de
quel croisement ils resultent, mais ils seraient dignes de figurer chez
un amateur. Ce n'est pas le lourd coq cochinchinois sans queue,
ridiculement jambe, a l'air stupide et feroce. Celui-ci a une robe
charmante et des formes parfaites, des pattes delicatement decoupees, la
demarche aisee et la physionomie fiere mais fort affable.
Je suis tres-reconnaissant envers l'eminent peintre Jacque de m'avoir
inspire, par ses etudes ingenieuses et savantes sur la matiere, et
surtout par ses adorables tableaux et dessins (ceux-ci publies dans le
_Magasin pittoresque_ et dans le _Journal d'Agriculture pratique_), un
redoublement d'amitie pour le coq et la poule.
Au point de vue d
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