u Berry, le
masculin nous ait paru le moins bien partage.
Du reste, la comme ailleurs, la beaute des paysannes passe vite dans les
fatigues de la maternite jointes a celles du menage. Dans nos plaines,
elles devraient se conserver mieux, car elles n'ont pas de travail en
dehors de la maison, si ce n'est de garder au soleil quelques chevres et
moutons en pays plat. Celles du _haut pays de bas Berry_ nous ont paru
beaucoup plus actives et plus fortes, portant de lourds fardeaux dans
les rudes montees, ramenant hardiment leurs troupeaux a cheval dans les
sentiers des plateaux, ou gravissant, a pied, comme des chevres, les
talus escarpes de la Creuse.
Le gros betail nous a paru tres-beau et abondant. Chez nous, le menageot
ne se permet que la chevre et l'_ouaille_; au bord de la Creuse, toute
famille a plusieurs vaches, plusieurs anes et un ou deux chevaux ou
mulets. Le pays le veut, disent-ils; on ne peut faire la recolte qu'a
dos de bete sommiere. Cela prouve qu'ils ont tous des recoltes a faire.
Les vaches sont remarquablement jolies, petites, mais propres et
luisantes comme des vaches suisses. On n'entretient pas sur elles, avec
amour, cette affreuse culotte de croute de fumier que, chez nous, on
croit necessaire a leur sante.
On achevait alors la recolte des foins, a peine commencee chez nous. Les
bles etaient jaunes et dores quand les notres ne faisaient que blondir.
La fenaison avait un tout autre aspect que dans nos prairies. Au lieu de
ces enormes boeufs magnifiquement atteles a de monumentales charrettes,
et trainant avec une lenteur imposante de veritables montagnes de
fourrage dans de grands chemins verts, on ne voyait que chevaux maigres
et agiles, mulets et baudets vigoureux, portant sur leur dos des charges
tres-artistement serrees en bottes tordues, et descendant avec une
adresse incroyable des sentiers rapides. La moindre petite anesse porte
ainsi dix fois par jour trois cents kilos et ne bronche jamais.
Le conducteur a fort a faire. Au lieu de troner nonchalamment sur le
haut de son char, il faut qu'il accompagne et soutienne chaque bete dans
les passages difficiles. Le chargeur et le botteleur ne sont pas moins
affaires. Il faut plus de science pour etablir solidement une charge si
fuyante sur des cacolets qui garnissent toute la largeur des etroits
passages, que pour l'etaler en larges couches sur une large voiture a
qui la plaine fait large place. Aussi on va vite, on cause peu, on ne
perd pas
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