a fraicheur necessaire a la vie.
Vingt sources courant dans les plis du rocher, ou surgissant dans les
enclos herbus, entretiennent la beaute de la vegetation environnante.
La population est de six a sept cents ames. Les maisons se groupent
autour de l'eglise, plantee sur le rocher central, et s'en vont en
pente, par des ruelles etroites, jusque vers la lit d'un delicieux
petit torrent dont, a peu de distance, les eaux se perdent encore plus
bas dans la Creuse.
C'est un petit chef-d'oeuvre que l'eglise romano-byzantine. La
commission des monuments historiques l'a fait reparer avec soin. Elle
est parfaitement homogene de style au dehors et charmante de
proportions.
A l'interieur, le plein cintre et l'ogive molle se marient agreablement.
Les details sont d'un grand gout et d'une riche simplicite. On descend
par un bel escalier a une crypte qui prend vue sur le ravin et le
torrent.
Mais, des curieuses fresques que j'ai vues autrefois dans cette crypte,
il ne reste que des fragments epars, quelques personnages vetus a la
mode de Charles VII et de Louis XI, des scenes religieuses d'une laideur
naive et d'un sens enigmatique. Ailleurs, quelques anges aux longues
ailes effilees, d'un dessin assez elegant et portant sur la poitrine des
ecussons effaces. Malgre la secheresse de la roche, l'humidite devore
ces precieux vestiges. Quelque source voisine a trouve assez recemment
le moyen de suinter dans le mur ou j'ai encore vu, il y a trente ans,
les restes d'une danse macabre extremement curieuse. Les personnages
glauques semblaient se mouvoir dans la mousse verdatre qui envahissait
le mur: c'etait d'un ton inoui en peinture et d'un effet saisissant.
Le Christ assis, nimbe entierement, qui surmonte le maitre-autel de la
nef superieure, est d'une epoque plus primitive, contemporaine, je
crois, de la construction de l'eglise. Je l'ai toujours vu aussi frais
qu'il l'est maintenant, et je suppose qu'il avait ete, des lors,
restaure par quelque artiste de village, qui lui a conserve, par
instinct, conscience ou tradition, sa naivete barbare. Tant il y a qu'on
jurerait d'une fresque executee d'hier par un de ces peintres
greco-byzantins qui, en l'an 1000, parcouraient nos campagnes et
decoraient nos eglises rustiques.
II
Le tombeau de Guillaume de Naillac, seigneur du lieu au XIIIe siecle,
represente un personnage couche, vetu d'une longue robe, l'aumoniere au
flanc, la tete appuyee sur un coussin que soutiennent
|