illage, c'est une maison renaissance, fort
elegante d'aspect, habitee par des paysans. Elle tombe en ruine.
A quelque distance, on la croirait batie en beau moellon de granit;
mais, comme toutes les autres, elle n'est qu'en pierre feuilletee et
schisteuse de la localite.
On l'a seulement revetue de filets de mastic blanchatre en relief, qui
font un trompe-l'oeil tres-harmonieux. Son pignon aigu est perce d'une
petite fenetre soutenue par un meneau dejete, en vrai granit taille en
prisme.
La porte cintree est enfoncee sous le balcon de bois du premier etage et
sous l'avancement de l'escalier, lequel est forme de gros blocs
irreguliers a peine degrossis.
Une vigne folle court sur le tout et complete la physionomie pittoresque
de cette elegante et miserable demeure, dont un appendice ecroule git a
son flanc depuis des siecles, sans qu'il soit question d'oter les
decombres.
Au reste, cette maison, dans ses dispositions generales, parait avoir
servi de modele a toutes celles du village. Sauf les grands pignons, qui
ont ete remplaces par des toits tombants, communs a plusieurs
habitations mitoyennes, toutes sont construites sur le meme plan.
Le rez-de-chaussee, avec une porte a cintre surbaisse, ou a linteau
droit, formee d'une seule pierre gravee en arc a contre-courbe, n'est
qu'un cellier dont l'entree s'enfonce sous le balcon du premier etage,
quelquefois entre deux escaliers de sept a huit marches assez larges,
descendant de face. Au premier, une ou deux chambres; au-dessus, un
grenier dont la mansarde en bois ne manque pas de caractere.
Beaucoup de ces maisons paraissent dater du XIVe ou du XVe siecle. Elles
ont des murs epais de trois ou quatre pieds et d'etroites fenetres a
embrasures profondes, avec un banc de pierre pose en biais. On a presque
partout remplace le manteau des antiques cheminees par des cadres de
bois; mais les traces de leurs grandes ouvertures se voient encore dans
la muraille.
Les chambres de ces vieilles maisons rustiques sont mal eclairees,
d'autant plus qu'elles sont tres spacieuses. Le plafond, a solives nues,
est parfois separe en deux par une poutre transversale et s'inclinant en
forme de toit, des deux cotes. Le pave est en dalles brutes, inegales et
raboteuses. L'ameublement se compose toujours de grands lits a dossier
eleve, a couverture d'indienne piquee, et a rideaux de serge verte ou
jaune sortant d'un lambrequin decoupe, de hautes armoires tres-belles,
de tables massiv
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