d comme on
peut.
Cette roche feuilletee se divise en escaliers friables et perfides, et
les herbes brulees qui s'y attachent sont glissantes comme de la glace.
L'emotion fait oublier a ceux qui regardent la chasse les souffrances de
la fournaise. Outre les papillons desires (ce que les entomologistes
appellent leur _desideratum_), on rapporte des merveilles inattendues,
des coleopteres avec lesquels on avait fait connaissance a la Spezzia,
dont le climat est aussi un peu celui de l'Afrique.
On va plus loin, on se retourne pour regarder encore la belle silhouette
du rocher, qui parait grandiose par sa proportion avec le site
environnant. Au pied des Alpes, ce serait un grain de sable; la ou il
est, c'est un pic alpestre.
Mais on avance, et les talus s'abaissent, la riviere n'a plus de
rochers, et, pendant un certain temps, ombragee de beaux arbres, elle
semble noire et morte. Les gazons refleurissent, l'air circule et les
insectes meridionaux disparaissent. Moreau nous trouve des sources
fraiches, et, apres une nouvelle halte, on reprend a travers champs, par
le plateau, la direction du village.
En general, ces plateaux sont tristes et nus, mais ils sont courts et
s'abaissent brusquement vers de jolis bouquets de bois de hetres et de
chenes enfouis dans des dechirures de terrains tres-amusantes.
On remonte, on traverse, en soupirant un peu, des moissons au-dessus
desquelles la chaleur danse et miroite. Enfin on redescend rapidement au
village par une fente profonde, chemin en ete, torrent en hiver.
On ne saurait definir la production generale du pays, tant elle est
inegale et variee sur ces terrains tourmentes de mouvements capricieux!
Dans des veines ombragees et humides, les fourrages sont magnifiques a
la vue, bien que grossiers de qualite; le _brin_ est trop gros, et nos
chevaux le refusent absolument; ceux du pays, moins delicats, en font
leurs delices. Sur les hauteurs pierreuses croissent de maigres
froments, gravement malades cette annee, et dont le grain eclate en
poudre noire. Mais, a deux pas plus bas ou plus au nord, ou plus au sud,
la moisson du ble, de l'orge ou de l'avoine, est superbe. Ailleurs et
non loin, c'est la vigne qui souffre ou prospere. La culture se fait
industrieuse, essayeuse, observatrice, comme dans tous les pays
accidentes. On finit par utiliser les recoins les plus rebelles et par
ne rien abandonner au desert de ce qui est praticable, c'est-a-dire de
ce que le pied et la ma
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