. Il corna de nouveau et de plus belle, sans obtenir
aucun resultat; il se dirigeait tantot d'un cote, tantot de l'autre,
cornant, appelant, criant. Cette fois, ce n'etait pas une illusion: une
vache avait beugle, et ce beuglement fut suivi de plusieurs autres. Les
vaches devaient se trouver a une portee de fusil, et Valentin resta
convaincu que quelqu'un les emmenait en grande hate, puisque les
beuglements s'eloignaient de minute en minute. Il cessa d'appeler et de
corner, afin de mieux suivre le voleur qui lui avait enleve ses betes.
Il esperait ainsi le rejoindre la ou betes et voleur viendraient a
stationner jusqu'a la nuit.
Son plan de poursuite reussit completement; il parvint a franchir la
distance qui le separait du voleur de vaches, sans que celui-ci dut
supposer qu'on pouvait l'atteindre. Il ne voyait pas encore ses betes,
mais il les entendait souffler entres les branchages qu'elles brisaient
en passant. Puis, il jugea tout a coup qu'elles s'etaient arretees et
que le voleur, fatigue a une longue fuite a travers bois, reprenait
haleine. Valentin n'avait pas d'arme, ni aucun moyen de defense: il ne
devait donc pas songer a user de vive force pour revendiquer son bien et
pour ramener ses vaches a l'etable. Il resolut de se borner a surveiller
le voleur et a le suivre pas a pas.
La prudence lui conseilla de ne pas s'approcher davantage et d'eviter
de faire le plus leger bruit, d'autant plus que le voleur n'avait pas
encore choisi l'endroit ou il serait le mieux cache avec son butin.
Valentin eut alors l'idee de monter sur un arbre et d'y rester en
observation; il monta donc le plus doucement possible sur un grand orme,
qui s'elevait au milieu d'un emplacement degarni d'arbrisseaux et de
broussailles, mais tapisse de gazon et de plantes bocageres. Du haut de
cet arbre, il dominait les environs, et il apercut a travers la feuillee
ses quatre vaches, qui ruminaient en fourrageant dans les taillis; mais
il ne voyait pas l'homme qui les gardait, et il fut tente de croire
qu'elles etaient en liberte. Son attention fut detournee par le bruit
des bourdonnements d'abeilles, qui voltigeaient au-dessus de lui et
qu'il n'avait pas remarquees, en montant sur cet arbre, ou l'essaim
etait venu se poser a l'extremite d'une des branches les plus basses.
En meme temps, il constata un mouvement decisif dans la station des
vaches qui avaient quitte leur gite et qui venaient de son cote,
conduites par un homme de mauvaise mine,
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