les premieres lettres par
le navire qui amena M. de Choisy. Soules (page 365, tome III) dit que
ces premieres lettres arriverent avec La Perouse, fin fevrier 1781.]
Rochambeau envoya neanmoins Lauzun aupres de Washington, qui avait son
quartier general a New-Windsor, sur la riviere du Nord. La maniere
dont le general americain recut Lauzun flatta beaucoup celui-ci, qui
certes ne manquait pas de bravoure, mais qui avait aussi une certaine
dose de vanite, comme on le voit d'apres ses memoires. Le general
Washington lui dit qu'il comptait aller prochainement a Newport voir
l'armee francaise et M. de Rochambeau. Il lui confia qu'Arnold s'etait
embarque a New-York avec 1,500 hommes pour aller a Portsmouth, en
Virginie, faire dans la baie de Chesapeak des incursions et des
depredations contre lesquelles il ne pouvait trouver d'opposition que
de la part des milices du pays; qu'il allait faire marcher La Fayette
par terre avec toute l'infanterie legere de son armee pour surprendre
Arnold. Il demandait aussi que l'escadre francaise allat mouiller dans
la baie de Chesapeak et y debarquat un detachement de l'armee pour
couper toute retraite a Arnold.
Lauzun resta deux jours au quartier general americain et faillit se
noyer en repassant la riviere du Nord. Elle charriait beaucoup de
glaces que la maree entrainait avec une telle rapidite qu'il fut
impossible a son bateau de gouverner. Il se mit en travers et se
remplit d'eau. Il allait etre submerge, lorsqu'un grand bloc de glace
passa aupres. Lauzun sauta dessus et mit trois heures a gagner la rive
opposee en sautant de glacon en glacon, au risque de perir a chaque
instant.
L'aide de camp Dumas, qui accompagnait Lauzun dans ce voyage, nous
donne d'interessants details sur son sejour aupres du general.
Apres avoir raconte la facon simple et cordiale dont il fut recu a
New-Windsor, il dit: "Je fus surtout frappe et touche des temoignages
d'affection du general pour son eleve, son fils adoptif, le marquis
de La Fayette. Assis vis-a-vis de lui, il le considerait avec
complaisance et l'ecoutait avec un visible interet. Le colonel
Hamilton, aide de camp de Washington, raconta la maniere dont le
general avait recu une depeche de sir Clinton qui etait adressee
a _monsieur_ Washington. "Cette lettre, dit-il, est adressee a un
planteur de l'Etat de Virginie; je la lui ferai remettre chez lui
apres la fin de la guerre; jusque-la elle ne sera point ouverte."
Une seconde depeche fut alo
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