plaignit de ne pas en
avoir le commandement en chef. Singuliere organisation militaire que
celle ou les officiers discutent les actes et les ordres de leurs
chefs et temoignent tout haut leur mecontentement! Singuliere
discipline que celle qui admet qu'en temps de guerre les officiers
generaux et les aides de camp n'en agissent qu'a leur guise [155].
Le choix que fit Rochambeau me semble pourtant avoir ete des plus
judicieux. Lauzun avait a veiller sur la cavalerie campee a vingt-cinq
lieues de Newport. Il ne pouvait etre remplace dans le commandement de
cette arme speciale. En outre, il rendait sur le continent de reels
services, que son general se plaisait d'ailleurs a reconnaitre, par
la connaissance qu'il avait de la langue anglaise et par les bonnes
relations que son caractere affable lui permettait d'entretenir. Le
marquis de Laval, qui s'etait promis de ne pas servir sous les ordres
de La Fayette ne pouvait pas utilement etre employe en qualite de
commandant d'une expedition ou la bonne entente avec ce general
etait une condition essentielle du succes. Enfin l'entreprise etait
tres-importante, et Rochambeau crut qu'il ne pouvait pas moins faire
que d'en donner la direction a son second, le baron de Viomenil, dans
un moment surtout ou il devait rester lui-meme au camp.
[Note 155: M. de Charlus etait a ce moment a Philadelphie. M. de
Chastellux se fit plus connaitre par ses excursions que par ses
combats pendant la campagne. MM. de Laval et de Lauzun quittent a tous
propos et sans necessite leurs soldats. Plus tard, nous verrons aussi
que c'est a la _complaisance_ de M. de Barras que l'on dut de le voir
servir sous les ordres de son chef, M. de Grasse, qu'il trouvait trop
nouveau en grade.]
Il y avait sur les vaisseaux un nombre de mortiers et de pieces
d'artillerie suffisant pour soutenir un siege dans le cas ou
l'expedition reussirait; mais, bien que l'armee de terre fournit en
vivres et en argent tout ce qui lui restait, les preparatifs du depart
furent longs et l'escadre anglaise eut le temps de reparer les avaries
produites a ses vaisseaux par le coup de vent de la fin de fevrier.
Dumas fut charge d'aller a New-London, petit port sur la cote de
Connecticut, en face de la pointe de Long-Island et du mouillage de
l'escadre anglaise, pour l'observer de plus pres pendant que celle de
Destouches se disposait a sortir. Il put remarquer qu'elle etait dans
la plus parfaite securite. Aussi, Destouches profita-t-il
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