erait aux ordres de M. de Saint-Simon et des armees
coalisees.
Tous les efforts de La Fayette eurent alors pour but d'empecher que
Cornwallis ne gagnat la Caroline et ne fit ainsi echouer la
campagne des allies. C'est pourquoi il envoya des troupes au sud de
James-River, sous pretexte de deloger les Anglais de Portsmouth, ce
qui eut encore le bon effet de faire reunir au corps de l'armee les
troupes et l'artillerie qui se seraient echappees par Albermale-Sound
a l'arrivee du comte de Grasse. C'est dans la meme vue qu'il retint
d'autres troupes, du meme cote, sous pretexte de faire passer le
general Wayne et ses Pensylvaniens a l'armee du Sud pour renforcer le
general Green. En meme temps il envoyait aupres de Cornwallis le brave
soldat Morgan, qui resta quelque temps comme deserteur au milieu des
ennemis, et qui ne voulut accepter, au retour de sa difficile et
dangereuse mission, d'autre recompense que la restitution d'un fusil
auquel il tenait beaucoup[185].
[Note 185: Voir _Memoires de La Fayette_ pour la conduite de
Morgan.--_Sparks_, VIII, 152.]
Sitot le projet de la campagne arrete, les generaux allies le mirent a
execution. De la celerite de leur marche dependait en grande partie le
succes, qui etait certain s'ils pouvaient rejoindre La Fayette
avant le depart de M. de Grasse. M. de Barras persistait dans sa
determination de se joindre a l'amiral de Grasse, bien qu'il fut
autorise par une lettre particuliere du ministre de la marine, M. de
Castries, a croiser devant Boston, s'il lui repugnait de servir sous
les ordres d'un amiral moins ancien que lui. M. de Rochambeau
l'avait donc charge de transporter dans la baie de Chesapeak toute
l'artillerie de siege restee a Newport avec le corps de M. de Choisy.
De son cote, le general Washington determinait 2,000 hommes des Etats
du Nord a le suivre en Virginie pour rejoindre La Fayette. Enfin
100,000 ecus qui restaient dans la caisse du corps francais furent
partages entre les deux armees.
XVI
Les troupes se mirent en mouvement le 19 aout pour aller passer
l'Hudson a Kingsferry. Les Americains suivirent la route le long du
fleuve, tandis que les Francais retrogradaient sur leurs marches
precedentes.
La premiere journee, de Philipsburg a Northcastle (18 milles), fut
tres-penible. Des quatre heures du matin on battit la generale, et a
cinq heures et demie M. de Rochambeau, en visitant le camp, s'apercut
que les voitures de vivres manquaient et qu'il ne
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