lui permettraient pas de rester au dela du 15 octobre.
On apprit aussi que les troupes anglaises qui etaient entrees quelques
jours avant dans New-York n'etaient pas celles de Cornwallis, comme M.
de La Fayette l'avait ecrit lui-meme, mais la garnison de Pensacola
dans la Floride que le general espagnol, Don Galvez, avait laissee
sortir sans conditions apres la prise de cette ville[182]. Le general
Clinton avait aussi recu d'Angleterre un convoi portant trois mille
recrues, ce qui montait en tout ses forces a douze mille hommes. Les
allies ne pouvaient lui en opposer que neuf mille.
[Note 182: Le succes des Espagnols a Pensacola fut ainsi plus nuisible
qu'utile a la cause des Americains.]
De Williamsbourg, lord Cornwallis se retira sur Portsmouth, pres de
l'embouchure du James-River et par consequent de la baie Chesapeak.
La mer etait libre pour lui et cette suite de mouvements retrogrades
semblait indiquer le projet d'evacuer la Virginie. La Fayette avait
montre la plus grande habilete dans cette campagne, ou, avec quinze
cents miliciens seulement, il sut forcer a battre en retraite le
general Cornwallis qui etait a la tete de plus de quatre mille hommes.
C'est en evitant d'en venir a une action generale, en trompant
constamment l'ennemi sur l'effectif reel de ses forces, en operant
des manoeuvres habiles ou prenant des dispositions pleines a la fois
d'audace et de prudence, que La Fayette obtint ce resultat inespere.
"L'enfant ne saurait m'echapper," avait ecrit Cornwallis au debut de
la campagne, en parlant de ce general dont il meprisait la jeunesse et
dont il meconnaissait l'habilete. A son tour, il allait tomber dans le
piege ou le menait peu a peu La Fayette.
Les Anglais s'embarquerent a Portsmouth et La Fayette crut un instant
qu'ils abandonnaient completement la Virginie pour aller renforcer la
garnison de New-York. Il l'ecrivit meme a Washington. Mais il apprit
bientot que leur seul but etait de prendre une forte position a York
et a Gloucester pour attendre des renforts qui devaient leur arriver.
C'est la que La Fayette voulait les amener. Le 6 aout, en annoncant
ses succes au general Washington, il lui disait:
"Dans l'etat present des affaires, j'espere, mon cher general, que
vous viendrez en Virginie, et que si l'armee francaise prend aussi
cette route, j'aurai la satisfaction de vous voir de mes yeux a
la tete des armees combinees; mais si une flotte francaise prend
possession de la baie et des
|