cer au
general l'arrivee en cette ville du _Sagittaire_ escortant un convoi
de 633 recrues et de quatre compagnies d'artillerie, et portant
1,200,000 livres. Cette flottille etait partie trois jours avant la
_Concorde,_ comme je l'ai dit plus haut. Elle arrivait cependant un
mois plus tard. Apres avoir suivi jusqu'aux Acores les flottes de MM.
de Grasse et de Suffren, cette fregate s'etait detachee et avait eu a
subir des mauvais temps et la poursuite des ennemis. Il manquait trois
navires au convoi: la _Diane,_ le _Daswout_ et le _Stanislas._ Les
deux premiers rentrerent peu de jours apres; mais le dernier avait ete
pris par les Anglais.
L'aide de camp de M. de Rochambeau, venu sur la _Concorde,_ qui avait
laisse ses effets sur le _Louis-Auguste,_ de ce convoi, obtint la
permission d'aller a Boston prendre ce qui lui etait indispensable
pour la campagne. Son manuscrit donne d'interessants details sur
le pays que l'armee dut parcourir. Nous en extrayons les passages
suivants:
"De Newport, je fus coucher a Warren, petit village assez joli qui
n'est qu'a dix-huit milles de Newport dans le continent. On y a
construit quelques petits batiments marchands avant la guerre, et il
y en a encore de commences qui vont en pourriture. Je fus recu a mon
auberge par le maitre, M. Millers, qui est officier au service du
Congres, et par son frere, qui commandait l'annee derniere toutes les
milices a Rhode-Island. Ils sont tous deux extremement gros.
"Le 10 juin, je partis a quatre heures du matin de Warren, bien
empresse d'arriver a Boston. Je ne puis dire assez combien je fus
etonne du changement que je trouvai dans les endroits ou j'etais passe
il y avait environ six semaines. La nature s'etait renouvelee; les
chemins etaient raccommodes; je me croyais absolument dans un autre
pays.
"Le 12, apres avoir ete chercher mes effets sur le _Louis-Auguste_
dans le port de Boston, j'allai me promener a Cambridge, petite ville
a trois milles de la. C'est un des plus jolis endroits qu'il soit
possible de voir; il est situe au bord de la riviere de Boston, sur un
terrain tres-fertile, et les maisons sont tres-jolies. A une extremite
de la ville, sur une pelouse verte tres-considerable, il y a un
college qui prend le titre d'Universite; c'est un des plus beaux de
l'Amerique; il compte environ cent cinquante ecoliers qui apprennent
le latin et le grec. Il y a une bibliotheque considerable, un cabinet
de physique rempli des plus beaux et d
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