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plus difficile. M. de Rochambeau proposa a M. de Barras de tenir un
conseil de guerre pour decider sur cette difficulte. C'est le 26 que
ce conseil se reunit, M. de Lauzun etait d'avis que la flotte se
retirat a Boston; M. de Chastellux voulait qu'on la laissat a
Rhode-Island. M. de Lauzun, en parlant de la discussion qui
s'ensuivit, trouve dans la contradiction de Chastellux une raison
suffisante pour dire qu'il n'avait pas de jugement. M. de la
Villebrune declara que si M. de Grasse devait venir, il fallait rester
a Rhode-Island pour faire avec lui une prompte jonction. "Mais s'il
n'y vient pas, ajouta-t-il, nous nous ecartons des ordres du Conseil
de France et nous prenons sur nous de nous exposer a des evenements
facheux." M. de Barras fit cette declaration remarquable: "Personne ne
s'interesse plus que moi a l'arrivee de M. de Grasse dans ces mers. Il
etait mon cadet; il vient d'etre fait lieutenant general. Des que je
le saurai a portee d'ici, je mettrai a la voile pour servir sous ses
ordres; je ferai encore cette campagne; mais je n'en ferai pas une
seconde." Il opina du reste pour rester a Rhode-Island, et son
sentiment prevalut. M. de Lauzun fut charge de porter la nouvelle de
cette decision au general Washington, et il pretend dans ses memoires
que le general fut tres-irrite que l'on prit une mesure si contraire
a ce qui avait ete convenu a Westerfield. Le rapport de Lauzun nous
semble suspect, et il pourrait bien ne traduire sur ce point que son
propre ressentiment d'avoir vu ecarter son avis.
M. de Rochambeau s'empressa alors d'ecrire a M. de Grasse pour lui
exposer la situation de La Fayette en Virginie et de Washington devant
York. Il presenta comme son projet personnel une entreprise contre
lord Cornwallis dans la baie de Chesapeak; il la croyait plus
praticable et plus inattendue de l'ennemi. Pour atteindre ce but, il
lui demanda de requerir avec instance le gouverneur de Saint-Domingue,
M. de Bouille, de lui accorder pour trois mois le corps de troupes qui
etait aux ordres de M. de Saint-Simon et destine a agir de concert
avec les Espagnols. Il le priait aussi de lui expedier aussi vite que
possible, sur la meme fregate, avec sa reponse, une somme de 1,200,000
livres qu'il emprunterait aux colonies. Cette lettre partit avec la
_Concorde_ dans les premiers jours de juin.
Le 9 de ce mois, M. le vicomte de Noailles, qui etait alle par
curiosite a Boston, en etait revenu ce meme jour pour annon
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