une centaine de coups qui firent eloigner les fregates.
Elles resterent en vue pendant les journees du 17 et du 18. M. de
Rochambeau avait charge pendant ce temps MM. de Neuris et de Verton,
officiers d'artillerie, d'etablir une petite batterie de deux pieces
de canons et deux obusiers a Dobb's ferry, sur le point le plus etroit
de la riviere. Les fregates durent passer devant ce poste, le 19, pour
retourner a King's Bridge. Elles furent energiquement recues. Deux
obus porterent a bord de l'une d'elles et y mirent le feu. Un
prisonnier francais qui s'y trouvait en profita pour s'echapper; mais
bientot la frayeur poussa sept matelots a se jeter aussi a l'eau.
Quelques-uns furent noyes, trois furent faits prisonniers et les
autres regagnerent la fregate sur laquelle le feu etait eteint.
Dans la nuit du 17 au 18, un officier de la legion de Lauzun, M.
Nortmann, en faisant une patrouille avec six hussards, fut tue dans
une rencontre avec quelques dragons de Delancey. Il s'ensuivit une
alerte. Les hussards riposterent par des coups de pistolets, et
l'infanterie s'avancait deja pour les soutenir lorsque les dragons
disparurent a la faveur des bois et de la nuit. Une circonstance
singuliere contribua dans cette echauffouree a jeter l'alarme dans
le camp francais. Au moment ou M. Nortmann fut tue, son cheval s'en
retourna seul, a toute bride, vers le camp de la legion de Lauzun. Le
hussard en vedette ne sachant pas ce que c'etait, lui cria trois fois,
_qui vive_; enfin, voyant qu'il ne recevait pas de reponse, il lui
tira un coup de fusil qui etendit raide mort le malheureux cheval.
Le 18, M. de Rochambeau employa Dumas son aide de camp a faire des
reconnaissances du terrain et des debouches en avant du camp vers
New-York; il lui ordonna de les pousser aussi loin que possible,
jusqu'a la vue des premieres redoutes de l'ennemi. Il lui donna, dans
ce but, un detachement de lanciers de la legion de Lauzun a la tete
duquel etait le lieutenant Killemaine[178]. Grace au courage et
a l'intelligence de ce jeune officier, Dumas put s'acquitter
parfaitement de sa mission. Apres avoir fait replier quelques petits
postes de chasseurs hessois, ils arriverent jusqu'a une portee de
carabine des ouvrages ennemis, et ils rejoignirent en ce point un
detachement d'infanterie legere americaine qui avait de meme explore
le terrain sur la droite. L'objet de ces reconnaissances etait de
preparer celle que les generaux en chef se disposaient a fair
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